L'histoire :
La guerre d'Algérie commença en novembre 1954 et s'acheva en juillet 1962, au moment où l'Algérie obtint son indépendance. Opérations de guérilla et actions terroristes opposeront violemment Français et Algériens. Officiellement, la France, ou plutôt l'armée française avait pour mission « la pacification » et le « maintien de l'ordre » en Algérie, aidée en cela par la police ou les Harkis, supplétifs engagés dans l'armée française et considérés comme des traîtres par les Algériens. Du côté algérien, le FLN luttait pour l'indépendance nationale par la restauration de l'Etat algérien. Attentats, ratonnades, bavures, excès et dérapages rythmeront en fait la violence d'une guerre placée sous le signe de la torture. Malgré l'omerta, civils, militaires, étudiants et simples citoyens témoignaient déjà de la barbarie d'une guerre tragique aux plaies indélébiles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fort des livres parus dans la même collection (Paroles de Poilus, Paroles de Verdun, Paroles d'étoiles), Jean-Pierre Guéno, passionné d'Histoire, s'est penché sur la guerre d'Algérie à l'occasion de la célébration des cinquante ans de l'indépendance du pays. Douze témoignages sont ainsi rassemblés et mis en images par une dizaine de dessinateurs (Christian De Metter, Maël, Emmanuel Moynot, Laurent Hirn..). Chacun des textes insiste sur l'intensité de la violence de guerre et la torture exacerbée, longtemps cachée mais réellement vécue dans l'ombre. L'envie pour Guéno de « maintenir nos consciences en éveil » et de « rappeler ces douleurs et ces crimes, afin de bâtir un monde où la torture serait bannie, où il n'y aurait plus ni victimes ni bourreaux ». Un beau projet, mais on ne peut plus consensuel. Qui trouverait à y redire ? C'est le reproche qu'on fera ici. Même s'ils évitent tout manichéisme en évoquant une cruauté partagée, les témoignages, répétitifs et insistants dans leur message, envisagent la guerre d’Algérie sous un angle démagogique et réducteur. Résultat : ce livre-hommage peu pédagogique ressemble plutôt à de l'opportunisme éditorial qui risque de semer la confusion chez le lecteur peu familier du FLN, de l'OAS, des Harkis, des fellaghas et autres FTP. Car la structure même de l'ouvrage, avec des récits de quelques planches seulement, empêche de plonger avec lucidité dans la réalité de cette guerre. Alors oui, si la torture est bien une grille de lecture essentielle, elle n'est pas la seule. Pour bien tout appréhender, il faudra donc être déjà armé de solides connaissances. Graphiquement, les prestations sont réussies mais peinent à porter le propos, trop souvent lapidaire. Pris de manière isolée et contextualisés avec toute la distance nécessaire, ces témoignages constituent néanmoins de bons outils au travail de Mémoire.