L'histoire :
Londres, au printemps 1894, sur les bords de la Tamise, une jeune femme qui écume les berges à la recherche d’objets de valeur, découvre un objet en bois ressemblant à un masque. En s’approchant, elle remarque avec effroi que dans la vase, sous ce masque, il y a un corps. L’inspecteur Tobias Gregson est missionné sur l’enquête. À la morgue, l’auscultation du cadavre montre que la jeune femme a subi une sorte de rituel des morts, car l’ensemble de ses orifices sont ligaturés. Pour Gregson, le meurtre est signé. Ses recherches se portent sur le West End et la communauté jamaïcaine. Lestrade qui assiste son collègue n’a pas le même avis. Son intuition le pousse à consulter son ami, le réputé détective Sherlock Holmes. Le fin limier se rend à la morgue et observe le cadavre. Pour lui et son compagnon, le docteur Watson, il n’y a pas de doute, la jeune femme a été empoisonnée au cyanure d’hydrogène. De plus, au vu de son allure chétive, elle vient des faubourgs. Ses vêtements prouvent qu’elle a été rhabillée avec un ensemble coûteux avant d’être jetée dans la Tamise. La piste la plus probante est ce masque rituel en bois. Sherlock Holmes se met à la recherche d’un spécialiste de « l’art lointain ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel plaisir de retrouver un Sherlock Holmes dont l’intelligence et le sens de l’observation n’ont d’égale que son arrogance. Le monde de la bande dessinée n’hésite pas à « exploiter » ce magnifique personnage, avec plus au moins de réussite. Cependant, les auteurs Jean-Pierre Pécau et Michel Suro nous offrent ici un Sherlock Holmes aiguisé, factuel, déductif et ô combien arrogant. L’histoire de la noyée de la Tamise est le premier album de la série Sherlock Holmes et les mystères de Londres. Pécau tisse un récit sombre autour d’un tueur qui prodigue à ses victimes un rituel mortuaire étranger. Fleuretant avec l’aspect religieux et le rite étranger, le récit se frotte aux mœurs dénaturées d’une certaine aristocratie anglaise. Le scénario est rondement mené et quelques rebondissements permettent de maintenir l’intrigue à flot. La force de cet album est indubitablement le caractère du personnage principal qui prête à sourire dans certaines situations cocasses. Le dessin est assuré par Michel Suro, avec un trait réaliste et classique. Le dessin des paysages et les fonds sont détaillés, avec un petit bémol toutefois sur la précision de certains visages. Cependant, l’ambiance londonienne de la fin des années 1800 est bien retranscrite et plaisante. Ainsi, les auteurs livrent un récit de Sherlock Holmes taillé dans l’imaginaire de Sir Arthur Conan Doyle et un protagoniste vif, malgré ses 136 ans.