L'histoire :
Tout a commencé le 29 octobre 1948. Des soldats israéliens pénètrent dans la ville de Safsaf et massacrent les hommes du village. Trois jeunes filles sont même violées. Beaucoup doivent fuir l'invasion en espérant des jours meilleurs. Parmi ces exilés, il y a les grands parents de Leila. Ils se rendent au nord du Liban, dans un camp de réfugiés et sont persuadés qu'ils rentreront bientôt chez eux. Pourtant, les attaques se développent partout et l'armée israélienne prend les territoires palestiniens. Les habitants ne peuvent plus rentrer chez eux et n'ont pas d'autre choix que de quitter leur terre natale. C'est la Nakba, la catastrophe pour tout un peu peuple. Ahmed, le père de Leila, naît dans un de ces camps, appelé Baddawi . C'est dans ce contexte difficile que grandit et se construit Ahmed, auprès de ses neuf frères et sœurs. Il doit suivre l'école dans le camp et se heurte aux difficultés du quotidien.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Leila Abdelrazaq, jeune américaine aux origines palestinienne, raconte l'histoire de son père : de sa naissance dans un camp de réfugiés à son adolescence, puis à son départ aux Etats-Unis. Evidemment, l'autre sujet abordé à travers cette vie, est parmi les plus délicats et complexes de notre siècle : le conflit israélo-palestinien. La petite histoire y croise régulièrement la grande. L'enfance d'Ahmed, père de Leila, coïncide avec des événements importants de ce conflit. L'auteure fait ainsi allusion à quelques périodes charnières et marquantes, comme l'occupation de l'armée israélienne : la Nakba en 1948 ; la défaite des six jours en 1967 : la Naksa avec 300 000 victimes et l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. On redécouvre l'intifada et l'importance du Mossad contre l'OLP. Le graphisme en noir et blanc tente de gommer l'identité des combattants et représente plus symboliquement la violence par des monstres en ombres chinoises. Qu'il en ait entendu parler ou qu'il ait vu certains événements, Ahmed est un des témoins de cette sombre période. Le dernier événement relaté est le fameux massacre du bus à Aïn El-Remmaneh. Pourtant, l'Histoire passe presque au second plan, comparé à la vie de ce jeune garçon et à son quotidien en famille. On accède ainsi à des termes arabes, des coutumes locales et des recettes de cuisine traditionnelle. Certaines anecdotes sont même peu intéressantes mais dédramatisent l'ensemble. Certains pourront reprocher la subjectivité pro-palestinienne sur les faits historiques : on suit évidemment ici une famille palestinienne, ce qui signifie qu'on évoque les exactions sanglantes des israéliens et non les attentats des palestiniens. Pourtant, le ton reste juste et humain, comme si Ahmed tentait d'échapper à tout prix à l'horreur...