L'histoire :
En 1898, à Pistoia, la jeune Leda Ravanelli travaille dans une imprimerie. Elle n'est pas peu fière de montrer à son frère Metello qu'ils ont réussi à publier leur premier livre : Pensées. Elle est amie avec Annita. Même si les deux jeunes femmes ont des passions différentes, elles ne se quittent pas. Leda sent que la vie est plus difficile qu'avant. Dans l'épicerie, tout a augmenté, même le prix du pain. Un jour, elle doit imprimer un article qui va faire du bruit : les émeutes de Milan contre la crise sociale a fait plus de 80 morts ! Le géneral Bava Beccaris a ordonné de tirer sur la foule. C'est dans cette période trouble que Leda s'intéresse à la politique. Son patron est socialiste, mais elle, préfère lire des revues anarchistes. En 1900, un anarchiste italien Bresci assassine le roi Umberto I. C'est le moment que choisit Leda pour affirmer haut et fort ses convictions. Quitte à déranger ou faire jaser son entourage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette biographie s'intéresse à une femme hors normes : Leda Rafanelli, une anarchiste italienne convertie à l'islam ! Il fallait bien une bande dessinée pour évoquer cette personnalité incroyable, libre comme jamais et moderne à tous points de vue. Luca de Santi et Francesco Satta balaient l'ensemble de sa vie qui ne manque pas de piquant et d'originalité : de son voyage en Egypte à l'imprimerie, de son militantisme à ses errances, de son activité de chamane à sa mort, tout est évoqué par petites touches, sans aucune transition ni fil conducteur, mis à part la volonté de montrer les grands faits de sa vie. Le rythme peut donc surprendre un peu et laisse malgré tout quelques vides sur certains aspects historiques. Ainsi, on passe trop sous silence ses pensées anarchistes, ses articles et son rôle durant cette période. Les auteurs ont préféré évoquer ses relations amoureuses complexes et tumultueuses. Il faut dire que Leda a fréquenté plusieurs hommes qui ont marqué son destin et sa personnalité. Elle a même eu une liaison avec Benito Mussolini avant qu'il devienne le dictateur fasciste que tout le monde connaît. Ces relations mettent en lumière les pensées profondes des anarchistes et leur lien complexe avec la vie. Comment peut-on concilier attachement amoureux et besoin total de liberté ? L'œuvre met également en avant une période charnière pour l'Italie où les pensées changent facilement au fil des événements historiques. Beaucoup passeront du mouvement anarchiste à la pensée fasciste. Sara Colaone a la lourde tâche de dessiner cette femme si particulière. Dans un noir et blanc subtil, elle mêle du coup habilement style réaliste, avec des portraits précis et bien réalisés, avec des moments quasi surréalistes. Certaines planches fantasmagoriques sont des grands moments de virtuosité technique et dépeignent bien le mysticisme de la figure de Leda. Elle reçoit fort logiquement un prix au festival de Lucca pour cette belle prestation. Leda est encore aujourd'hui avant-gardiste comme le montre bien cette précieuse biographie.