L'histoire :
Deux oiseaux devisent tranquillement sur les branches d'un arbre, évoquant les évènements politiques du moment. Un discours de Nicolas Hulot très radicalisé, mais aussi la prochaine fête organisée sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Une occasion unique de faire le point sur la communauté organisée à l'écart des logiques marchandes, mais aussi de taper sur des flics, ce qui motive l'un des deux au plus haut point. Au même moment, deux enfants rentrent d'une sortie scolaire très réussie, au cours de laquelle ils ont fait sauter un champ d' éoliennes pour restaurer l'habitat d'un type très particulier de petite chauve-souris. Car le monde a changé, une partie de la population vit désormais selon une logique très différente, qui réfute radicalement l'idée d'une prééminence de l'homme sur les autres espèces vivantes. L'idée même de protection de la nature reflète en réalité une forme de domination, alors que c'est une coexistence qui doit prévaloir. La France est désormais découpée en territoires qui vivent soit sous le contrôle de l'état, soit sur un mode totalement alternatif. Le président lui-même a acté cette situation nouvelle, qui donne lieu à des rencontres très particulières, conviviales pour certaines, violentes pour d'autres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Pourquoi ces gens lisent des livres sur l'écologie au lieu d'aller lancer des cailloux dans des vitrines de banques ? ». La question posée par les deux oiseaux qui discutent résume très bien la tonalité de cet album, humoristique mais radical, qui se positionne avec clarté pour un renversement du système. L'exemple de Notre Dame des Landes y est très clairement présenté comme une première victoire emblématique, et le point de départ d'un mouvement plus ample. C'est donc un pamphlet politique et révolutionnaire, sans l'ombre d'un doute, après la lecture de son imposante postface. Mais malgré cette dimension dogmatique, il offre des moments drôles, comme ces conversations totalement improbables entre Merkel et Trump autour d'un pique-nique, où lorsque Macron président est mis en scène comme un enfant capricieux qui réclame sans cesse de l'attention. En justifiant la violence contre la police et la destruction des symboles du pouvoir politique et financier, il a le mérite de clarifier la théorie des mouvements révolutionnaires comme les Black Blocs, rarement évoquée dans les médias, mais abondamment théorisée. Difficile pourtant de considérer que l'auteur ne va pas un peu loin dans son ton rigolard lorsqu'il évoque la violence des manifestants. Sur le plan narratif, les petites scènes s'inspirent du style très efficace de Fabcaro avec des séries de dessins identiques dont la succession participe à l'effet humoristique. Rien de bien révolutionnaire sur le plan visuel donc, mais le propos est servi avec une efficacité très militante. Le lecteur qui n'a pas un minimum de sympathie pour la mouvance zadiste risque de ne pas aimer du tout, même s'il comprendra bien mieux la logique qui sous-tend ce mouvement contemporain. Dans tous les cas, ce livre est éclairant et mérite un coup d'œil.