L'histoire :
Fiona est une belle jeune femme totalement dévouée à dieu. Elle vit seule avec son chien Grum et coule des jours paisibles. Fasciné par sa virginité et sa croyance, Satan admire sa beauté. Fou de colère, il demande à Lucifer de l'aider : il veut avoir une relation avec elle. La chose est pourtant impossible : Fiona ne voit personne. Satan a alors une idée : sa seule faiblesse est son chien. Il prend possession de Grum et parvient à avoir une relation terrible avec Fiona. Ses parents, alertés par le bruit, arrivent précipitamment et tuent le chien. Fiona est très malheureuse, mais finit par oublier cet incident. Jusqu'au jour où elle vomit en marchant. Elle comprend qu'elle est enceinte ! Effrayés, ses parents l'isolent dans une cabane pour éviter qu'elle soit brûlée par l'inquisition. Fiona accouche dans la crainte. Mais à sa grande surprise, son enfant est une très jolie fille. Soulagée, Fiona promet de l'éduquer dans l'amour de Dieu pour le remercier de ce miracle. Satan est furieux et envoie Lucifer sur Terre pour récupérer sa fille...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jamais publié en France, Belzeba est un fumetti italien des années 70. L'ouvrage regroupe les mésaventures de la fille de Satan, tiraillée entre le bien et le mal, ou encore entre son amour envers Kant et son devoir envers son terrible père. Les éditions Tabou ont un fait un travail superbe de restitution du travail originel. Ainsi, les planches n'ont que deux cases par page (le format du fumetti) et l'ensemble se lit très vite. Le scénario est simple, mais il est beaucoup plus riche qu'il n'y paraît. À mi chemin entre le conte grivois, le fabliau et l'hommage à la littérature, l'histoire est agréable et plutôt cocasse. En effet, Paolo Trivellato déploie toutes les stratégies possibles pour contourner la censure et l'œuvre aborde ainsi avec subtilité les tentations terrestres (surtout celles liées au sexe). Toutes les allusions démoniaques sont présentes et mêlées habilement. Ainsi, on retrouve Lucifer ou Méphistophélès. L'histoire se permet même le luxe de réécrire le fameux voyage de Dante aux Enfers dans La Divine Comédie: Belzeba va croiser la route du fameux poète italien. Plein de rebondissements bien sentis, le tome regorge d'aventures. Les pirouettes scénaristiques sont parfois drôles et rafraîchissantes. L'espiègle Belzeba fait les 400 coups (normal, pour la fille du Diable) et fera même la nique (au sens figuré) à Méphistophélès lui-même ! L'œuvre vaut aussi pour le dessin élégant de Stelio Fenzo. Le noir et blanc est superbe et les cases très aérées et pleines de dynamisme. La référence à Hugo Pratt est évidente, mais l'artiste apporte également sa propre touche et notamment en sublimant la beauté des femmes. Belzeba est sculpturale, ses poses sont lascives et... diaboliques ! Une curiosité à découvrir vite, par tous les diables !