L'histoire :
Quatre histoires d’amours manqués, d’occasions ratées, au cœur de Bruxelles, pendant l’Exposition universelle de 1958.
Première histoire : Dans un restaurant, Simon discute avec son ami Lester, animateur dans une radio de jazz. Peu attentif à la discussion, son œil est attiré par le visage d’une jolie femme, en train de boire un café au bar. Elle semble triste, mélancolique, fragile, et donc très séduisante. Simon est sous le charme, encore plus lorsqu’il la voit pleurer. Au moment de payer, la femme a oublié ses gants. Tant mieux, Simon va pouvoir les lui rapporter et nouer la conversation…
Deuxième histoire : Hannah et Lester se rendent au Caveau des Lombards, un excellent club de jazz, pour écouter un ami jouer. Il s’agit de Gordon, talentueux trompettiste et séducteur maladroit. A la fin du concert, Lester décide alors de présenter Hannah à Gordon. Le trompettiste semble sous le charme…
Troisième histoire : Gabrielle, la femme de Simon, est toute seule chez elle. Débarque alors son ami Lester. Ils se retrouvent seuls et, après quelques verres, se mettent à discuter de leur vie amoureuse respective.
Quatrième histoire : Audrey et Hannah sortent entre copines. Sur le chemin, elles rencontrent Gordon, le trompettiste. Audrey est sous le charme, mais Gordon lui préfère Hannah qui, elle, va repartir chez elle au Canada. Elle vient d’ailleurs de quitter son petit ami Lester…
Ah, l'amour impossible...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au programme, un chassé-croisé d’hommes et de femmes à l’aube du sentiment amoureux, semblables à des images fuyantes. L’amour et ses déboires, pour la faire courte. L’histoire a été racontée des milliers de fois, et pourtant, elle séduit toujours. C’est celle des remords et des regrets, faute d’avoir simplement osé… Simon aime donc Audrey, qui aime Gordon, qui aime Hannah, qui aime Lester, qui aime Gabrielle… Jeu de miroir musical, réflecteur d’états mélancoliques et d’illusions entretenues, mais aussi promesse d’un bonheur infini, Accords Sensibles se joue des désaccords sentimentaux, lie et délie les figurants en un méli-mélo doux-amer. Utilisant la narration croisée, le dispositif se révèle d’une redoutable efficacité. Pudique et léger, le ton du récit se met au diapason de l’esthétique générale, très pop art, dans le style des années 50. Les références, graphiques ou musicales, sont d'ailleurs nombreuses : Chet Baker pour le son, Serge Clerc ou Lucien de Roeck pour le dessin…Dans cette esthétique rétro cohérente et triste, Lapone semble parfois prisonnier de ses influences, malgré une ligne claire pleine de grâce. Frais et léger, élégant et mélancolique, Accords Sensibles mérite assurément le détour, même si le propos est un brin convenu. L'album séduit surtout par sa construction sans faille et la sobriété de ses ambiances musicales. Classique dans son message, la BD n'en reste pas moins très plaisante. Un vrai bon moment de lecture.
