L'histoire :
Un fusil à lunette à la main, Brigit Cole est en planque dans un immeuble, face à la fenêtre d’en face où doit passer sa victime. Elle a tout calculé, elle est déterminée, mais elle tremble quand même. Elle se remémore ses parents, tous deux d’anciens agents secrets, aujourd’hui décédés. En raison de leurs compétences de haut vol, ils avaient été amenés, à l’époque, à passer régulièrement d’un camp à l’autre… ce qui leur avait valu d’être recherchés par tous les états du monde. En fuite après avoir subi des expériences chimiques, ils avaient trouvé refuge, il y a 20 années de cela, sur une petite île au large de Venise. C’est là-bas qu’elle a vu le jour et surtout qu’elle a été éduquée dans l’optique de devoir se battre toute sa vie. C’est de là-bas qu’elle s’est discrètement enfuie, seule et orpheline, le jour où les autorités les ont retrouvés. En raison des expériences chimiques subies par sa mère, elle est née avec des yeux vairons et une peau sans aucune pigmentation, ce qui lui permet aujourd’hui d’être une championne de la dissimulation. Mais cela lui a également donné une capacité d’anticipation et des réflexes hors pair…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Jimmy Palmiotti a placé au centre de ce nouveau one-shot d’espionnage une jeune héroïne qui porte un destin bien lourd. Progéniture secrète des meilleurs agents secrets de la planète, elle est un peu seule contre le reste du monde. Pour s’en sortir, elle peut néanmoins compter sur deux atouts : l’art du combat inculqué par ses parents et quelques attributs physiques aux frontières du fantastique, qui font presque d’elle une super-heroïne, au sens comics du terme. C’est une sorte de femme-caméléon vengeresse qui anticipe mieux que les autres. L’ambiance a un petit côté Drôle de dames, la loufoquerie en moins, la « glauquitude » en plus. Sur ces éléments de synopsis, Palmiotti alterne présent et flashbacks, en un récit pas toujours évident à suivre. Sans doute cela est-il du en partie au traitement des phylactères, tantôt colorés, tantôt écrits en caractères tout serrés selon qu’ils sont parlés ou voix-off… et tantôt placés de nébuleuse manière. Le dessin de Phil Noto (déjà partenaire de Palmiotti sur New West) poursuit également son style un peu kitch, bien à lui, artistique mais décousu. Bien que les décors soit visiblement secondaires pour lui, prise à part, chaque planche se distingue par un parti-pris esthétique enthousiasmant. Mais l’alternance des techniques et des choix graphiques ne donne pas de cohérence visuelle à l’ensemble. Cela n’empêche pas de passer un bon moment de divertissement, dans une ambiance à part…