L'histoire :
La France, début du XXIème siècle : en proie à une guerre civile, le pays est divisé entre la Province et l’Ile de France, dirigée par l’autoritaire Johnny Hallyday, désormais locataire à plein temps de l’Elysée. Afin de préparer la ville de Paris à une grave menace militaire, le président fait appel à quatre ex-étudiants d’art, les derniers à avoir échappé au service militaire avant que l’armée ne se professionnalise, de manière assez honteuse d'ailleurs. Cette fois, impossible de se soustraire à la conscription, sous aucun motif. Or, il en manque un à l’appel et pour cause : celui-ci est mort. Les trois garçons vont donc déterrer leur ami, un squelette étrangement vif, avant d'aller rendre visite au recruteur, un certain caporal Kapozy. Une fois incorporés, les quatre militaires vont devoir affronter l’attaque des ISA, une armée exclusivement féminine pour qui la fin justifie les moyens. Envahie par des hordes d’Isabelles communistes bien bâties et sexy, la France doit capituler. Trois vont se marier avec des ISA et un seul, le narrateur, choisira la fuite avec son fils… C'est l'histoire d'une jeunesse ternie par l’horizon de l’armée qui ne pouvait s’exprimer que dans une « histoire de vengeance ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Michel Gondry »... Si ce nom ne vous dit rien, ce n’est pas le cas des amateurs de 7ème art. Auteur touche-à-tout, Michel Gondry est surtout connu en France pour ses films oniriques (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, La Science des rêves). En BD cette fois-ci avec On a perdu la guerre mais pas la bataille, Gondry tente d’exorciser sa terreur de devoir un jour accomplir son service militaire. Un événement traumatisant marqué par la peur d’être démasqué après avoir triché lors de la visite des trois jours, la fameuse visite d’incorporation. Avec un parti-pris faisant la part belle à la satire et à l’humour noir, histoire de chasser quelques blessures psychologiques, l’auteur invente un récit complètement loufoque, au cœur d’une guerre urbaine mettant face à face Johnny et des meutes de femmes enragées. Sans oublier Simon, le cadavre d’outre-tombe ramené à la vie pour les besoins de l’Etat. Et au milieu, un Michel sans grande personnalité qui cherche à sauver sa peau et celle de son fils. Visuellement, le trait minimaliste va à l’essentiel, un peu foutraque et sans virtuosité particulière, à l’image du scénar. Plutôt amusante dans l’ensemble, bien que vite lue et assez anecdotique, cette fantaisie tragi-comique se lit finalement sans déplaisir. Possible que les lecteurs préfèrent toutefois Michel Gondry derrière une caméra plutôt qu’un crayon à la main.
