L'histoire :
Cameron Daltrey exerce dans la cité des Anges le métier d'agent de probation. Avec son collègue Staz, il s'occupe des cas un peu spéciaux : les criminels dotés de super pouvoirs. Cameron vit une relation amoureuse un peu tendue avec Maddy, une danseuse dans un strip-bar. Celle-ci lui reproche d'être peu disponible pour elle et pense en permanence à terminer leur liaison. Il faut dire que le métier de Cameron est particulièrement chronophage... En tout cas, c'est ce que croit sa douce. En effet, Cameron revêt un masque orné d'un code-barre et capture les criminels qui ne respectent pas leur préventive. Malheureusement, ces derniers sont nombreux et le justicier surnommé Codeflesh a du pain sur la planche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Charlie Adlard est le dessinateur de la série à succès Walking Dead. Pour autant, il ne s'agit pas de la première expérience bande dessinée du britannique. Si on a pu le voir à l’œuvre sur des travaux anciens comme Superman ou Corps de pierre, Codeflesh était une lecture restée inédite en France. Les éditions Delcourt proposent une intégrale de ce polar atypique écrit par Joe Casey. On suit l'histoire de Cameron Daltrey un agent de probation qui enfile un masque dès que les criminels récidivent et les remet aux autorités une fois corrigés ! Le scénariste offre une narration condensée, les 9 épisodes faisant une douzaine de pages chacun. De prime abord, le héros n'est pas vraiment sympathique, mais à mesure que les chapitres avancent, on finit par s'attacher à Cameron et on comprend combien sa relation avec Maddy est compliquée. Entre l'amour et la justice, son cœur balance. Joe Casey évite au maximum les répétitions narratives et la galerie de criminels est plus variée qu'escompté. Le récit monte vraiment en puissance et les derniers épisodes sont assez prenants, montrant la mise en abyme du héros. La description du quotidien évoque certains côtés du fameux Taxi Driver de Martin Scorsese (avec Robert « You fuck my wife » De Niro), tandis que l'aspect polar et super héros s'inscrit dans la lignée du Sleeper d'Ed Brubaker. La grande force de Joe Casey est d'être parvenu à réaliser une histoire solide et cohérente, sachant que les épisodes sont parus de façon très chaotique. Et puis quelle bonne idée d'avoir un masque aussi étrange et puissant que ce mystérieux code barre, un peu comme l'énigmatique Rorschach de Watchmen. Charlie Adlard gagne en qualité au fil des pages. Les premières sont parfois un peu confuses, là où le dernier chapitre, réalisé près de 8 années plus tard, délivre un trait plus fin et plus maîtrisé. Au niveau des influences évidentes, le nom Codeflesh apparaît dans les décors à l'instar du fameux Spirit de Will Eisner, dont les deux auteurs sont fans. Au final, Codeflesh n'a peut-être pas l'aura populaire et clinquante de certains comics, mais ses qualités narratives ainsi que la montée en puissance de son histoire rendent le tout attachant. Après Corps de pierre, le duo Casey-Adlard offre aux lecteurs une lecture des plus intéressantes...