L'histoire :
Dans un futur proche, l’humanité survit sur une planète Terre qui se meurt. Pesticides, pollution, crispations nationalistes, précipitations toxiques, famines, paupérisation, dépendance ultra-technologique sont les causes de la fin à court terme de l’anthropocène. Dans ce contexte, Astra est une journaliste qui a conservé une part d’éthique. Elle présente à son boss ses photos sur « le mur » et propose un reportage en immersion de l’autre côté, parmi les réfugiés qui vivent en dehors de toute technologie… Mais son boss lui refuse. Déjà vu. Il faut du clic, il faut du buzz, quitte à ce que tout soit faux. Astra est plutôt missionnée pour faire un reportage sur le club death, un groupe de junkies qui s’injectent une drogue capable de leur prédire leur mort. Même si ça sent la fake news à plein nez, Astra accepte de fabriquer un scoop, contre la promesse de pouvoir faire son reportage sur les réfugiés anti-techno. Cependant, un soir, au détour d’une ruelle, elle prend avec son portable une photo incroyable : un alien, de forme humanoïde, qui accompagne une jeune femme en fauteuil roulant. Ça c’est un putain de scoop ! Elle ignore encore que son reportage de l’autre côté du mur va la mener entre les griffes d’authentiques aliens venus sur Terre pour récupérer des « graines »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le pitch de ce one-shot est carrément prometteur. Il confronte la plus sordide et angoissante réalité – le suicide technologique et environnemental de l’humanité, à court terme – à l’un des mythes les plus fantasmatiques de la science-fiction : la présence parmi nous d’extraterrestres, à des fins d’études. Le titre est un indice : les aliens ont infiltré les terriens, pour collecter des Semences, un peu à la manière dont les humains font de l’entomologie. Une jeune femme journaliste et intègre (une espèce rare !) va se retrouver en première ligne de cette problématique, cobaye malgré elle d’un engrossement alien et d’enjeux cosmo-géopolitiques un peu confus, à travers la narration patchwork de l’américaine Ann Nocenti. C‘est vraiment dommage que la narration distanciés, les dialogues et narratifs souvent décorrelés des actes des personnages, plombent autant la fluidité de lecture. Sur le plan graphique, David Aja propose cependant une vision tout à fait poisseuse et obscurantiste de cet avenir ignoble. Son dessin ultra réaliste, tout en bichromie – un caca d’oie moisi s’ajoute idéalement à l’encrage noir et blanc – s’inscrit dans un jeu alambiqué de chapitrage, qui débute et termine régulièrement par un zoom sur un hexagone. Pourquoi des hexagones ? Et bien parce que les abeilles !