L'histoire :
Superstar est jeune et beau. Tout le monde l'aime, à part sans doute les super-vilains qu'il envoie régulièrement en prison. Chaque jour, sa tournée promotionnelle passe par l'une ou l'autre grande ville des Etats-Unis, où le super-héros rencontre ses fans. Superstar ne leur cache jamais rien de sa vie. Il leur sourit, répond avec patience à leurs questions aussi intrusives soient-elles. Il faut dire que Superstar a besoin de leur amour et plus encore des dons d'énergie qu'ils lui font. C'est en absorbant cette énergie qu'il trouve la force de combattre ses ennemis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Que voilà un curieux livre. Je l'ai abordé avec un a-priori plus que favorable. Le duo à l'origine de sa création nous avait offert, voici une dizaine d'années, un Superman Identity qui est sans doute ce qu'on a fait de mieux sur le personnage, pourtant passablement ressassé et transparent, qu'est l'homme d'acier. Une petite merveille dont j'espérais retrouver la puissance d'écriture et d'évocation visuelle dans ce Superstar (les scènes de vol de Superman par Immonem était les plus saisissantes et réalistes que j'ai jamais vues... je pense même que Zack Snyder, réalisateur du reboot cinématographique Man Of Steele, les avait en tête en réalisant son film). Pourtant, un rapide feuilletage met très vite le holà à toute forme d'espoir. Durant tout l'album, la composition d'Immonem est professionnelle, propre, efficace, mais sans l'âme qu'il avait su donner à son Superman-Identity. Il n'arrive jamais à créer les espaces et à caractériser ses personnages comme il l'avait réussi pour son précédent récit. Restait à lire. Tout du long, le scénariste Kurt Busiek (Marvels) se montre à la hauteur. C'est talentueusement écrit, on sent le type qui en a sous la pédale et qui sait balancer un scénario depuis 25 ans... C'est dense, riche. De plus, l'idée de départ est vraiment forte : imaginez un super-héros qui est d'autant plus puissant qu'il est populaire et puise dans les dons d'énergie que lui offrent ses fans, la force de se battre contre ses adversaires. Le voilà pris entre la nécessité de se donner corps et âme à ses admirateurs, pour en obtenir toujours plus, et l'envie de son père (un magnat des médias) d'abuser de la situation pour accroitre encore sa fortune. S'ensuit une fable sur la réussite professionnelle, l'économie mondiale au bord du délire, prête à tout pour gagner encore plus, l'impossibilité aujourd'hui d'avoir une vie privée (en étant souvent le premier à s'en priver en montrant tout de soi aux autres)... Et voilà. C'est là que se situe la limite de ce one-shot. Malgré tout l'attachement que Busiek semble porter à ce projet sur lequel il a travaillé des années durant et pour lequel il a fait appel à quatre collaborateurs éventuels, qui tous s'y sont investis avec passion, on a plus l'impression d'assister à une démonstration bien foutue que de vivre une histoire emballante (et ce, même si Busiek arrive à incarner ses personnages en une très faible pagination). D'autant que tout ça ne débouche sur rien qui transcende le postulat de départ. On peut même dire que le soufflé s'effondre carrément sur les dernières pages. Une belle idée, donc, mais dont le talentueux scénariste n'a pas vraiment su quoi faire…