L'histoire :
Captain America répond à une invitation qui lui a été envoyé par un mystérieux Mister Buda. Arrivé chez ce dernier, Captain America découvre un petit homme chauve, mystique et capable, entre autres, de projeter son esprit en dehors de son corps. Mister Buda se vante d'être un maître en sorcellerie et propose à Cap' de voyager à travers le temps, à la rencontre du peuple américain et ce afin de mieux comprendre les valeurs qu'il défend. Malgré le refus du héros, il se retrouve projeté à l'époque de la seconde guerre mondiale, dans une base militaire allemande. Là, il trouve son ancien coéquipier Bucky en train d'être torturé par des officiers. Crâne Rouge et nul autre qu'Hitler sont eux aussi présents ! Après une courte mais violente confrontation, Captain America et Bucky s'enfuient mais hélas, le Vengeur se retrouve de nouveau dans la pièce qu'il avait quitté, avec Mister Buda. Bien que reconnaissant d'avoir pu revoir son ami, même à travers un artifice, Captain America ne souhaite pas aller plus loin et quitte les lieux pour se rendre à une cérémonie fêtant le bicentenaire de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique. Mais Mister Buda a subrepticement glissé un talisman à Cap' et ce dernier va vite se retrouver 200 ans plus tôt, à Philadelphie, alors même que la fameuse déclaration s'apprête à être signée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réfractaires à toute célébration de l'esprit américain, passez votre chemin. En effet, nous avons ici affaire à une (relativement) brève aventure de Captain America ayant pour ambition de célébrer le bicentenaire de la déclaration d'indépendance américaine, célébration survenue en 1976. Ici, on voit Cap' pris au piège de Mister Buda et forcé par ce dernier à revivre certains des événements qui ont sinon construit, du moins représenté l'esprit américain. Au passage, il est amusant de voir les hasards de ses voyages dans le temps faire finalement de Captain America une inspiration pour l'Amérique elle-même. Captain America finit donc à inspirer ce qu'il représente et les deux se fondent l'un dans l'autre. Une idée assez amusante si elle pouvait survivre à une seule seconde de réflexion mais bon, "comics f**k yeah", l'idée est sympathique et on n'est pas non plus là pour de la hard SF non plus, hein ? La morale du récit est assez naïve (les indiens et la cavalerie devraient s'entendre car "tous américains" - on se demande où cela laisse les autres) et on voit ainsi Captain America se retrouver au milieu de conflits opposants esclaves et esclavagistes, indiens et cavalerie et d'autres personnages ou événements marquants qu'ils soient parlants pour les européens que nous sommes (les premiers essais nucléaires, Benjamin Franklin ...) ou non (le grand incendie de Chicago, John Brown, ...). On constatera que la guerre civile est à peine esquissée et que la Corée et le Viet Nâm passent eux-aussi à la trappe. Décision éditoriale compréhensible compte tenu du pays, du climat et de l'époque. Les dessins sont tout bonnement superbes et Kirby semble s'amuser comme un gosse à illustrer ces grands moments de l'Amérique, même s'il semble être surtout à l'aise avec les environnements urbains du XXe siècle. Une jolie curiosité qui énervera sans doute ceux y recherchant une analyse approfondie des fondements de l'Amérique et qui laissera sûrement indifférents les plus cyniques, qui resteront insensibles au message certes naïf mais pourtant optimiste de l'ensemble. A réserver, donc, en priorité, aux fans du King et du Captain.