L'histoire :
C’est ce qu’il adore le plus faire et c’est ce qu’il fait de mieux : peindre les murs aux endroits interdits. Il sort donc des bombes de couleurs et dessine de nombreuses têtes grotesques et une scène proche de Picasso. Alors qu’il termine les derniers détails, un flic l’interpelle. Il répond avec humour mais le policier n’est pas là pour plaisanter. Il essaie de lui échapper et se met à courir à toute vitesse. Il slalome tant bien que mal dans les rues du côté de Sarovar. Il parvient à lui échapper mais il est encerclé par d’autres flics. Il est ensuite emmené au poste sans ménagement. L’inspecteur Saab consulte son bouquin de croquis et le regarde avec mépris. Il se lance dans un discours moralisateur sur la jeunesse et le besoin d’étudier. Lui-même n’y croit pas car il sait d’où vient le gamin : D’Mello a vraiment mauvaise réputation même auprès de la police. Surtout auprès de la police. Autant dire que Suresh Naik dit Grafity est foutu. C’est pourtant à ce moment qu’intervient Jayesh. Le jeune sait y faire pour négocier et puis, l’argent ça aide à se faire comprendre. L’inspecteur hésite mais il finit par accepter le bakchich. Jayesh a de la chance de travailler pour Mario mais il ne doit pas forcer sa chance. Tout comme ce jeune délinquant qui tague les murs partout…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on commence la lecture de Grafity’s wall, on sent tout de suite que ce n’est pas un comics comme les autres. Et ce n’est pas seulement parce qu’il se passe en Inde et qu’il y intègre des mots ou de la culture indienne. Ce n’est pas non plus que parce que le thème est fort et profond et qu’on éprouve à chaque page la douleur de la rue et la violence de la misère. C’est simplement parce qu’on ressent très rapidement cette impression d’être happé par quelque chose, attrapé par la puissance narrative et emporté par la force graphique. Un peu comme si l’on plongeait dans les immenses grafs de Suresh, on reste scotché devant les dessins si particuliers d’Anand RK. L’artiste indien a dû être forcément touché par ce scénario et il s’emploie à corps perdu dans ce récit, offrant un trait révolutionnaire plein de mouvements, de circonvolutions et de détails tantôt grotesques tantôt beaux. En somme, un peu comme un graf posé cette fois sur le papier. Le charme opère également avec des couleurs saturées et flashies qui épousent parfaitement les valeurs du street art. Et quand la voix off de Chasm démarre, façon écrivain, c’est toute l’histoire qui bascule dans la poésie et le symbolisme. Cette tension permanente entre réalité crue et sordide et élévation mystique et irréelle constitue la plus grande force de ce magnifique hymne à la vie et à l’espoir. Victimes du système et des autres qui profitent de ce système, les quatre anti héros vont tout faire pour survivre ou s’évader d’une réalité bien trop cruelle. S’évader comme on pourrait le faire en lisant un comics comme Grafity’s wall ? Oui car après tout, « l’avantage d’être en bas de l’échelle, c’est qu’on ne peut que monter. »
