L'histoire :
Il y a vingt quatre ans, ce clou a changé tout ce que l’on connaissait ou que l’on croyait connaître. Jonathan Kent était furieux de voir sa roue percée par un vulgaire clou. Cela changeait donc leur plan car impossible d’aller à Smalville avec les réparations à faire. Mais Martha ne semblait pas plus gênée que cela et elle était même contente qu’ils puissent rester à la maison pour profiter l’un de l’autre. Pendant qu’ils décidaient de prendre un peu de bon temps, une lueur orangée comme une traînée de feu zébrait le ciel, non loin de la maison des Kent… Aujourd’hui, Lex Luthor est devenu maire de Metropolis. Pour fêter son investiture, il proclame un discours fort et revendicateur : grâce à ses actions, l’ordre et la sécurité sont revenus. La prospérité est également de mise. Il n’y a donc plus besoin de metahumains pour protéger l’homme. Luthor est très clair : super-héros et super-criminels font partie du même problème et il promet que ces extra-terrestres ne séviront plus dans sa ville. Perry White diffuse l’information au journal et reçoit Jimmy Olsen, le bras droit du maire, pour qu’il explique ce profond changement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1989, le concept, lancé par Mike Mignola, d’un petit changement qui bouleversera toutes nos connaissances sur l’univers DC devient rapidement un grand succès. Tant et si bien qu’on l’a appelé le « Elsewords », à savoir l’ouverture à d’autres mondes. En 1998, Alan Davis reprend le concept et cette fois ce n’est pas un grain de sable qui enraie la machin DC mais un banal clou ! Et si les Kent avait crevé à cause d’un clou le jour de l’arrivée de Kal-El? Une idée forte et ingénieuse qui va permettre de déployer une intrigue ambitieuse. Davis propose une relecture soignée et pleine d’intelligence de la Ligue de Justice mais sans Superman. On navigue à vue avec cette impression très agréable de trahir tout ce que l’on connaissait sur DC tout en savourant les clins d’œil aux personnages. Ce délicat mélange de changement ténu et de respect profond est parfaitement maîtrisé de bout en bout. L’intrigue pleine d’ambitions est également une belle leçon que devraient suivre les scénaristes actuels parfois empêtrés dans des récits beaucoup trop tarabiscotés. Le plaisir de la lecture se double d’un ravissement pour les yeux. Alan Davis n’est pas seulement un grand conteur mais c’est aussi un excellent dessinateur. Il y a un côté délicieusement rétro dans son style tout en épousant à la perfection le style année 90 faite de muscles et de costumes moulants. On serait totalement conquis si cette réédition ne proposait la suite de ce projet démentiel. Et cette fois, c’est la déception qui prime. Davis a voulu trop en faire et il nous perd totalement dans cette suite fourre-tout. Mondes parallèles, temporalités différentes, plan cosmique, multiplies intrigues enchâssées… on ne reconnaît plus le bijou du premier récit. Comme quoi le deuxième clou n’était pas le clou du spectacle…