L'histoire :
Dans l'arrière-salle d'une carrosserie, Alana, une jeune femme portant des ailes dans le dos et ancienne soldat,et Marko, un lunien orné de cornes de bouc et ayant des dons pour la magie, vivent des instants merveilleux avec la naissance d'Hazel, leur petite fille. Cet enfant n'aurait pourtant jamais du naître. Alana et Marko viennent tous deux de planètes différentes et d'espèces en guerre depuis longtemps. Considérés comme des parias, ils sont recherchés de toutes parts. Un baron robot et des soldats de la coalition les ont retrouvés et les tiennent en joue. Trois luniens font aussi irruption. Par miracle, le couple et leur bébé parviennent à s'échapper et à mettre la main sur une carte. Sur celle-ci figure un lieu synonyme d'espoir : la forêt de la fusée. Là-bas, ils pourront quitter Clivage et se rendre sur une autre planète. Mais leur fuite ne se fera pas sans danger, car les différents camps ont engagé des mercenaires indépendants, réputés pour leur méthode expéditive et leurs résultats...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parti durant quelques années dans l'industrie de la télévision pour participer à l'écriture de séries télé comme Lost, Brian K. Vaughan a laissé de nombreux fans dans l'expectative de son retour. Il faut dire que le scénariste canadien a livré de jolies pépites de l'art séquentiel avec Y, le dernier homme, Pride of Baghdad ou Ex Machina. Avec Saga, l'auteur créé une histoire aux confluents des genres, entre le space opera, le récit d'aventure et la love-story. Le pitch rappelle de prime abord le fameux "Roméo et Juliette" de Shakespeare. Alana et Marko vivent une romance interdite entre leurs deux espèces, races qui sont en guerre depuis des centaines d'années. Tous deux viennent d'avoir un enfant, Hazel, et deviennent la cible de leurs congénères. Débute alors une aventure hors du commun dans un univers foisonnant d'espèces étranges et dangereuses. Brian K. Vaughan effectue un retour payant, avec un récit racé et doté de dialogues affutés. Le naturel de ceux-ci en étonnera plus d'un et l'humour qui ressort de certaines tirades est proprement irrésistible. Saga est également très dynamique, le lecteur ne cesse de découvrir de nouveaux lieux ou de nouvelles menaces. Et puis quelle bonne idée de faire parler les luniens en espéranto, une langue auxiliaire créée au XIXème siècle... Avec un scénario aussi inspiré, il fallait bien un visuel en adéquation. C'est la dessinatrice canadienne (elle aussi) Fiona Staples qui se charge d'offrir des planches étonnantes et des designs aussi surprenants que déstabilisants. Entre les robots barons (des écrans de télé sur des corps humains) ou la Traque (nom d'une des mercenaires indépendants), l'originalité déborde des cases. Le travail sur les décors est minutieux et se joue des perspectives. Si certains n'accrocheront peut être au premier coup d’œil au visuel de Fiona Staples, nul doute qu'en entamant la lecture de Saga, ils sortiront, une fois l'album terminé, finalement conquis, le visuel étant juste parfait pour un tel récit. Ne ratez pas l'embarquement, Saga, ça débute maintenant !