L'histoire :
Le 22 janvier 1905, à la gare de Lyon, le train en provenance de Marseille amène la dépouille de La Vierge Rouge de Montmartre, pour un dernier voyage à travers la capitale jusqu’à Levallois-Perret où elle sera inhumée au côté de sa mère. Dans la gare, Monique accueille Charlotte Perkins Gilman, la célèbre féministe américaine en tournée européenne. S’étonnant devant la présence policière, elle apprend par la jeune femme que Louise Michel, la femme qui parlait au nom du peuple, est décédée. Charlotte se rappelle bien de sa rencontre avec Louise. C’était à Londres, lors d’une précédente tournée de conférences. Les deux femmes avaient passé une formidable soirée, réunies autour d’une obsession commune : le roman utopique. Monique s’étonne que le courant ait si bien passé entre une anarchiste et une socialiste américaine. Réunies par le féminisme, elles avaient un autre point commun : changer le monde. Charlotte se souvient que Louise était considérée comme une sainte par son entourage. Elle raconte une anecdote où, alors qu’elle lui avait donné son châle pour se protéger du froid londonien, elle le retrouva sur les épaules d’une aide de cuisine dès le lendemain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Louise Michel La Vierge Rouge est le troisième roman graphique réalisé par le couple Talbot, Mary (Suffragette…) au scénario et Bryan (Granville…) au dessin. La couverture qui présente Louise, un fusil dans une main, une enfant en haillon dans l’autre, est un bon résumé de la vie de cette combattante politique. De la lutte pour le petit peuple de Paris, à son combat au côté des kanaks lors de son exil forcé en Nouvelle Calédonie, son goût pour la lutte politique la mène toujours du côté des opprimés. Figure de la Commune de Paris, de l’anarchie et du féminisme, elle été aussi une rêveuse invétérée qui imagina des villes sous-marines et leurs grandes sœurs aériennes. Bref, son imagination sans limite, couplée à son énergie combattive, la condamnait à être une personne exceptionnelle qui marqua son époque. C’est une bonne chose que les auteurs aient fait le choix de rappeler ses luttes et son engagement à notre époque qui manque cruellement de leader charismatique pour les causes justes. Le dessin noir et blanc où le rouge s’invite parfois, est dense et précis. Numériquement soutenu et mâtiné de sépia, il est parfaitement adapté au récit. Il livre en outre des portraits très réalistes, fruit d’un travail de recherche poussé sur le sujet, où les personnages ressemblent beaucoup à leurs modèles. Les notes finales, très fouillées, permettent d’approfondir la biographie. Les références variées à Jules Verne, HG Wells ou Victor Hugo soulignent encore l’influence de cette femme exceptionnelle. Présenté en format 15x21, ce roman graphique cumule deux avantages : il est beau et intelligent !