L'histoire :
1933, U.R.S.S., République socialiste soviétique autonome de Carélie, au bord de la mer. Tandis que trois hommes sont en train de pêcher sur un ponton, un peintre est approché par deux voyageurs, une jeune fille de 17 ans en fauteuil roulant et un homme borgne qui semble être son serviteur. Après s’être assurée que le peintre appartient au parti, la jeune fille se renseigne sur la datcha, c’est-à-dire la demeure, qui se trouve non loin de là. La demoiselle, qui se présente clairement sous un faux nom, souhaite alors faire un pari avec le peintre sur le départ des pêcheurs : en cas de victoire, elle et son compagnon de route pourront occuper la datcha pendant toute une semaine. La jeune fille gagne le pari, hélas, cette occupation est illégale et la police du parti va leur mettre la main dessus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de L’habitant de l’infini, Hiroaki Samura change ici de décors et d’univers : pas de combats dans un Japon féodal, mais un couple de handicapés dans une Russie où la famille du tsar a été exécutée et où la république socialiste soviétique a instauré un régime répressif et des goulags. Le duo se montre d’emblée mystérieux, avec des faux noms, des physiques atypiques et une attitude digne étonnante, et on a donc vite envie de le suivre. Commence alors un huis-clos formé par les deux jeunes gens, ainsi qu’un homme de l’OGPU et une domestique. Au fil des pages, on sent une ambiance étouffante naître avec des secrets politiques, un suspense s’installe sur toute la durée et les quelques indices donnés sur l’identité des deux jeunes gens promettent des révélations croustillantes. A la fois dénonciateur d’un régime totalitaire, révélateur d’une relation hors du commun entre des êtres brisés, et peinture d’une époque, le récit sait nous transporter dans son monde, nous faire frémir et nous intriguer. Pour mieux ancrer son histoire dans la Russie des années 30, l’histoire nous fait également rencontrer des personnages historiques dont les apparitions revêtent une importance capitale. Graphiquement, décors somptueux et personnages très charismatiques se dévoilent sous nos yeux avec un réalisme saisissant, une mise en page impeccable et un talent certain. Du grand art !