L'histoire :
Japon, 18e année de Shôwa (1943). La petite Shôko Takano n’a pas envie d’aller se coucher : son père n’est pas rentré car il est sûrement en train de boire quelque part. Elle finit par obéir mais se réveille lorsque la police spéciale débarque à la maison et emmène sa mère pour l’interroger sur son père. Dans les locaux de la police, Mme Takano s’entête à dire qu’elle ne sait pas où se trouve son mari. Elle est alors déshabillée, humiliée et torturée. Hélas, une femme amoureuse est plus têtue qu’un homme et elle ne dit rien à la police qui la relâche le lendemain. Dès qu’elle peut remarcher, la mère de Shôko tente de fuir la ville sous les bombardements mais son corps ne tient pas et elle meurt. A la fin de la guerre, Shôko survit difficilement en commettant des larcins. Un jour, elle sauve une femme qui se fait violer par des soldats américains. Après cela, elle se bat pour survivre, mais aussi pour défendre et venger ses proches...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque deux mangakas cultes comme Kazuo Kamimura (Le club des divorcées...) et Ikki Kajiwara (Ashita no Joe...) s’associent pour nous raconter la survie d’une jeune fille dans un Japon qui connaît la guerre puis tente de se reconstruire, autant dire qu’on a l’eau à la bouche en s’attendant à une histoire réaliste et dramatique. Cela tombe bien car c’est exactement ce à quoi on a le droit ici. D’entrée de jeu, on voit comment la fillette, Shôko, perd ses parents et se retrouve seule à lutter pour sa survie. Dès lors, elle va être animée par un désir de vengeance envers ceux qui touchent à ses proches, quitte à se sacrifier et encaisser coups et souillures pour cela. Le portrait dépeint est plus que celui d’une fille forte qui va devenir une femme fatale (dans tous les sens du terme !), c’est également la description d’une époque, d’une société et d’un pays. Le scénario est éprouvant, intelligent, passionnant et passionné, et on ne peut qu’en souligner sa très grande qualité. Kazuo Kamimura, lui, donne vie à une Shôko hypnotique, belle et terriblement charismatique, et ses dessins rendent très bien honneur au récit. En un mot : génial !