L'histoire :
Sora est une jeune fille qui a tellement admiré le rôle du prince charmant dans les contes lorsqu’elle était enfant qu’elle rêverait d’en devenir un elle-même. D’ailleurs, elle ne rate jamais l’occasion de venir en aide aux jeunes filles, comme c’est le cas aujourd’hui avec son amie Tsuki. Toutes deux sont dans le bus en direction de l’académie Utopia où Sora vient d’être acceptée au lycée, lorsqu’un jeune homme bouscule son amie et la fait tomber sans même y prêter attention. Sans attendre, Sora oblige le jeune homme à s’excuser, ce qui amène ensuite le sujet du prince charmant dans la conversation avec son amie. Sora remarque d’ailleurs que l’académie ne lui a pas donné une jupe comme pour Tsuki mais un short (plus pratique pour se battre et défendre les demoiselles en détresse), signe d’après la demoiselle qu’Utopia a dû approuver son idéal de vie ! Elle ne croît pas si bien dire... Arrivée sur place, Sora découvre un lieu où la misogynie fait partie du règlement : les filles sont littéralement traitées comme des objets et « appartiennent » à un élève masculin dont elles sont l’esclave. Les garçons s’affrontent selon leurs envies dans des duels lors desquels ils font sortir une arme du corps des filles qui leurs sont liées grâce à un système de réalité virtuelle, le gagnant remportant la fille adverse ! Et ce n’est pas tout, car le système est poussé et fait souffrir les filles lorsqu’elles sont utilisées ! Révoltée par ce système, Sora ne peut s’empêcher d’intervenir. Cela tombe bien : peut-être est-ce un bug dans le système, mais Sora va se rendre compte qu’elle possède les prérogatives normalement réservées aux garçons ! Dès lors, elle va tenter de sauver d’autres filles en remportant des duels...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rappelant beaucoup le célèbre manga et animé Utena, Lost paradise a la particularité d’être à cheval entre les genres, shônen avec une héroïne et donc un ton un peu shôjo et pourtant prépublié au Japon aux côtés des titres d’action sous testostérone de Square Enix. L’histoire est celle de Sora, une jeune fille qui intègre un lycée d’élite isolé sur une petite île. Créé par le PDG misogyne d’une immense société, l’établissement forme des élèves qui prendront à termes des postes clés dans l’entreprise, et les hommes y règnent en maîtres tandis que les femmes s’y font maltraiter mais ne disent rien car sinon elles verront leur carrière ruinée. Récemment, les nouvelles technologies ont permis de mettre en place un jeu en réalité virtuelle où les garçons se battent en duel avec des armes qui sortent du corps des filles, le gagnant remportant la fille de l’autre. Ainsi, non seulement les filles « appartiennent » à un garçon, mais en plus l’utilisation des armes les fait souffrir par retour sensitif ! Révoltée par ce système, Sora va profiter de ce qui semble être un bug dans les inscriptions et lui donne le rôle de garçon pour tenter de sauver toutes les filles de l’établissement... Comme le montre ce synopsis, « rappelant beaucoup Utena », c’est peu dire car la présente histoire emprunte donc de nombreux éléments à son aînée : une jeune fille idolâtre le fantasme du prince charmant au point de vouloir en devenir un elle-même, elle se retrouve dans une école pour l’élite où les élèves masculins se battent en duel avec des armes qui sortent du corps d’une fille à qui ils sont associés, et elle tient une place de garçon qui lui fait incarner elle-même le rôle du prince... Pourtant, malgré cela et d’autres petits soucis, on se laisse rapidement prendre par l’histoire, qui avance d’ailleurs assez vite. Et heureusement, car cela nous évite de nous attarder sur les défauts : un récit pas toujours cohérent, des retournements de situations un peu gros, quelques transitions mal gérées et quelques répétitions. Mais il ne s’agit que du premier volet (et qui plus c’est aussi la première histoire en série de l’auteur), aussi ces problèmes ne sont-ils pas encore rédhibitoires. On appréciera par contre que, malgré ce qu’on aurait pu croire, le fan-service se fait discret, car dans le cas contraire cela serait allé à l’encontre du propos. Tout cela est illustré par un trait fin mais dynamique et des planches détaillées. En dehors de quelques soucis dans les mouvements, tout le reste est plutôt de bonne facture et accompagne donc assez bien le récit. En conclusion, même si Lost paradise n’est pas foncièrement original et reste pour le moment assez simple, le titre est en tout cas sympathique et bien illustré, et mérite qu’on y jette au moins un coup d’œil. Et qui sait, peut-être la suite se démarquera-t-elle suffisamment pour faire oublier son modèle.