L'histoire :
Au printemps, les campagnes japonaises ressemblent à des paysages de cocagne, prospères et paisibles. Nous sommes au siècle dernier et, devant une maison isolée, un disciple et son maître s’entraînent au maniement du sabre. En fait de sabre, c’est un bâton que chacun manie. Point besoin de se blesser en exercice, important est d’apprendre, de gagner en virtuosité. Cependant, il semble au jeune homme impossible de prendre l’avantage sur le vieux renard. Le jeune homme ne croit ni aux dieux ni aux diables, alors à quoi bon penser à défier le Tengu ? Pourtant un miracle est toujours possible et viendra peut-être un jour la victoire d’un humain sur le démon ? Qui sait… En attendant, le jeune élève est mal vu de la communauté paysanne. Son père ne cesse de lui répéter qu’il fait fausse route, que l’ordre des choses est pour son fils d’être un bouvier à son image, et non un samouraï. Sa promise, la belle Kumiko qui l’aime tant, partage cette peur et craint de le perdre. Personne ne semble comprendre pourquoi il s’entête à suivre les leçons du « vieux fou ». Un vieux fou plutôt sage car seul il sait que très bientôt reviendra le Tengu. Qu’il faudra à son disciple trouver le sabre qui en viendra à bout, et cela à travers les couloirs du temps, jusqu’à la bataille qui vit les dieux déchaîner la colère des eaux contre la flotte des envahisseurs étrangers commandé par le Khan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous un abord simple, presque ingénu, Tengu-Do cache un scénario retord, aux méandres chronologiques complexes et aux repères incertains. La scène d’ouverture présente un côté bucolique, tranquille, qui présage mal de la « tempête » à venir (sinon qu’après le calme vient la t…). Un personnage meurt, un autre naît ; un maître trépasse, un guide apparaît. Intelligence et maîtrise narratives au service d’un classique du sabre. Aux crayons, Andrea Rossetto illustre avec élégance le puzzle monstrueux imaginé par Alex Nikolavitch. Car La voie du démon (traduction approximative) est une histoire proprement diabolique, basée sur une boucle temporelle complexe dans laquelle le protagoniste et le lecteur s’engagent sans méfiance. Démarrant dans le contexte du Japon médiéval traditionnel, ce récit (prévu en 12 chapitres) revisite les pages d’Histoire glorieuses, et souvent moins, de l’archipel. De la bataille de Kyushu contre l’envahisseur mongol, traitée ici, à la destruction d’Hiroshima annoncée, le sentiment d’un piège qui se referme accompagne inexorablement la lecture jusqu’à une conclusion ici ouverte et, au final, promise « fatale » ! Il existe en franco-belge un titre ressemblant et très réussi : La danse du temps (chez les Humano. aussi). Autre décor, autre ambiance mais un même programme : étourdissant…