L'histoire :
A Kuzouru, une petite ville en bord de mer et situé au pied de la montagne, habite Kirié Goshima, une lycéenne tout ce qu’il y a de plus ordinaire : vivant avec ses parents et son petit frère, la demoiselle a également un petit ami, Shuichi, qui étudie dans une ville des environs. Après les cours, Kirié se dépêche d’ailleurs de se rendre à la gare pour l’y retrouver. Alors qu’elle marche à vive allure dans la ville, elle aperçoit le père de Shuichi dans une petite impasse. La jeune fille s’approche pour le saluer mais l’homme l’ignore, trop occupé qu’il est à fixer un limaçon. Quand elle retrouve Shuichi, Kirié lui parle de cette étrange rencontre et le garçon lui avoue que, depuis quelques temps, son père voue une obsession pour les spirales. Le lendemain, le père de Shichi vient voir celui de Kirié qui est céramiste pour lui demander de confectionner un plat apte à donner des vertiges et sur lequel serait gravée une spirale. En apprenant cela, Shuichi raconte à Kirié que son père est tellement obsédé par les spirales qu’il passe sa journée dans la pièce où il collectionne des objets en forme de spirale et qu’il refuse de prendre son bain sans avoir créé un tourbillon auparavant. Ne supportant plus son comportement, la mère de Shuichi finit par jeter tous les objets et, après une explosion de colère, son mari relativise : il n’a plus besoin d’amasser des spirales puisqu’il peut en créer avec son propre corps ! Peu de temps après, l’homme meurt et sa femme sombre dans une folie phobique des spirales. Malheureusement, les phénomènes étranges à caractère de spirale vont peu à peu se démultiplier en ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D’abord publié en trois volumes, le titre Spiral du maître incontesté de l’horreur (Junji Ito donc) sort ici dans une version intégrale qui regroupe tous les chapitres de la série dans un gros pavé bénéficiant d’une très belle couverture en relief. En dehors de cela, ceux qui auront déjà lu le titre auparavant ne trouveront pas vraiment d’intérêt nouveau à cette version intégrale, mais les autres ont là une bonne occasion de découvrir l’histoire. Petit rappel pour eux, donc : la ville de Kuzouru est frappée par d’étranges phénomènes marqués par le thème de la spirale et une lycéenne, Kirié, nous raconte ce dont elle a été témoin. Commençant par la mort des parents de Shuichi, les premiers chapitres s’attachent à nous montrer divers incidents très localisés où quelques habitants sont peu à peu frappés de folie. Puis, l’intrigue prend une toute autre dimension car la « malédiction de la spirale » se propage pour atteindre un chaos sans nom et somme toute vertigineux. La tension est palpable dès le début mais le mangaka parvient à la faire montrer à chaque page et l’horreur de la situation nous hypnotise autant qu’elle nous captive. Il faut dire que les passages horrifiques sont particulièrement soignés et le réalisme des graphismes ne fait que rendre l’ensemble plus terrifiant. A travers les tranches de vie présentées, Junji Ito ne nous livre pas qu’un récit d’horreur car l’histoire parle aussi d’amour, de vices, de survie et de se désespoir. Ces émotions nous parviennent en même temps que l’on découvre les victimes de la spirale et on ne peut que ressentir une fois de plus le talent de l’auteur. A la fin, on ne peut dire qu’une chose : qu’on s’est fait totalement absorber par la spirale narrative. Un chef-d’œuvre.