L'histoire :
En juin 1935, de sa lunette astronomique au sein du château de Wewelsburg, un savant allemand fait une découverte stupéfiante : une conjoncture de planètes inouïe, a priori annonciatrice de grands évènement. Himmler débarque alors, pour se réjouir de l'acquisition d'un artefact occulte que les nazis recherchaient depuis des mois : le miroir d'Al'Arghuz. Aussitôt, une sorte de messe noire se tient dans la cave, autour de sacrifiés humains, libérant une « force prodigieuse ». Bien des années plus tard, très exactement le 18 juin 2012, un phénomène incroyable se produit : à travers le monde des centaines d'enfants âgés de 6 ans meurent inexplicablement. C'est le début de la plus grande catastrophe de l'humanité, qu'on baptisera le « syndrome 6/3/27 » car à compter de cette date, aucun enfant ne dépassera l'âge de 6 ans, 3 mois et 27 jours. Les médecins y perdent leur latin... et nul ne parvient à comprendre ou enrayer le phénomène. Or cela signifie la fin de l'humanité à l'échéance d'une génération ! Dès lors, la moindre grossesse est considérée comme criminelle, et les 4 derniers enfants, ceux qui étaient en limite supérieure de cet âge à ce moment charnière, sont vénérés, tels des messies : ils sont définitivement les plus jeunes êtres humains sur terre. En 2025, un attentat terroriste de grande ampleur réduit en poussière un immeuble d'Adelaïde, en Australie, faisant 463 victimes. Les enquêteurs ont alors l'idée de fouiller les serveurs informatiques de la société, délocalisés. Ce qu'ils y découvrent les stupéfait...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les premières planches, dans le contexte de la seconde guerre mondiale, sont certes quelques peu grandguignolesques (ça alors, des nazis qui réveillent une puissance démoniaque à l’aide d’un artefact !)… Mais elles sont rapidement occultées par la problématique centrale de cette mise en bouche, assez proche de celle du film Les fils de l’homme, dans un léger contexte d’anticipation : le très intriguant Syndrome 6/3/27. En effet, à l’instar des autres séries scénarisés par Laurent-Frédéric Bollée, c'est-à-dire dans la même veine qu’Apocalypsemania ou L’ultime chimère, cette mise en bouche nous appâte avec un bon gros phénomène inexpliqué et de grande ampleur, qui s’abat sur l’humanité, à la croisée de la science et du divin : à partir d’une date précise, les enfants meurent à un âge limite. Saura-t-on le sens de cet âge ? Connaitra-t-on l’origine du phénomène et la logique de cette date ? Les décodeurs en herbe poseront leurs équations, pour dénicher une symbolique des chiffres… nous, on a rien trouvé. En attendant, évitant de trop s’appesantir sur les considérations ésotériques ou religieuses, Bollée alterne les époques en autant de séquences, qui sont autant de clés savoureuses pour tenter de démêler le mystère. Bollée s’est associé à l’artiste réaliste qui dessine plus vite que son ombre, Igor Kordey. Entre deux Histoires secrète (qui sortent déjà à un rythme effrénés), Kordey trouve encore le temps de pondre les 54 planches de cette nouvelle série. On lui a souvent reproché un certain manque de finitions (certainement lié à sa surproduction), mais reconnaissons un rendu visuel régulier et abouti à cet épisode pilote terriblement piquant. A lire rapidement : à vous aussi, vos jours sont comptés…
