L'histoire :
1897. Comme bien d’autres aventuriers de son époque, Matt, paysan américain, est parti dans le Klondike pour devenir prospecteur d’or. Mais une fois sur place, il a déchanté : les concessions ont déjà toutes été vendues. La ruée générée par un simple article de journal est stoppée net, dans un goulet sordide et glacial, sans espoir. Pour échapper à des conflits certains avec des masses hostiles de cow-boy enivrés, Matt part s’isoler et s’installer plus loin, au bord d’un lac sauvage. Il y élève ses 8 chiens, et comprend qu’il y a peut-être d’autre moyen de faire fortune : la viande d’élan se négocie 5$ la livre. Toutefois, pour la vendre, il lui faut à chaque fois revenir à Dawson, ville champignon à la croissance fulgurante. Il y constate avec aigreur que le statut social de son ex, Marie, progresse vite : elle est devenue la fille de joie la plus demandée du saloon. De retour à sa cabane, Matt s’intéresse aussi à Mersh, un trappeur « voisin » farouche, qui se déplace en luge tirée par des chiens de traineaux. Après avoir défriché la technique de ce moyen de locomotion original, Matt éprouve un sentiment de liberté inouï. Sa vie s’en trouvera à tout jamais bouleversée. Mais il reste bien imprudent : lors d’une traversée d’un lac gelé, la glace cède. Matt, son traineau et ses chiens tombent à l’eau, ce qui peut être fatal vu le climat local…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome mettait en place une aventure de chercheurs d’or dans le Klondike, plus proche du western que des considérations écolos. Dans ce second volet, on partage plus volontiers les composantes de la vie de Nicolas Vanier, explorateur contemporain et réalisateur de cinéma, spécialiste des périples dans le grand nord avec des chiens de traineaux. Proche des œuvres de Jack London (qu’on croise d’ailleurs dans le récit !), cette BD prévue en 3 tomes est en effet tirée de l’œuvre de Vanier, en amont d’un film qui devrait sortir sur les écrans fin 2012. Dans cet épisode, le héros s’est isolé dans un coin paumé et sauvage de l’Alaska. Il n’a pas perdu sa volonté de trouver de l’or, mais cette quête s’avère vaine. Il se bâtit donc un coin de paradis glacé et trouve le bonheur aux côtés de ses huskys. Mais le bonheur s’accompagne aussi de bien des mésaventures… Dans leur adaptation, les frères Stalner (Jean-Marc au dessin ; Eric sur l’adaptation et les dialogues) insistent sur les contreparties de la solitude sauvage : malgré les bonnes intentions, on devient fou et en cas de pépin, on ne peut compter que sur soi-même. Certes, ici, le coureur des bois Mersh, personnage providentiel et peu sympathique, se révèle toutefois d’une grande aide pour Matt. Il se montre aussi un mentor de premier choix pour l’apprentissage du traineau et la détermination de cette destiné insolite en ce lieu et à cette époque. Au-delà de l’aventure palpitante, l’œuvre propose de réfléchir sur la place de l’homme sur la planète. Après quoi court donc le héros Matt ? Par extension, bottons-nous tous un minimum les fesses pour respecter notre nature… Enneigés et immaculés, ces vastes paysages sauvages superbement rendus par le dessin réaliste méticuleux de Jean-Marc Stalner donnent furieusement envie d’endosser un sac à dos…