L'histoire :
Après des années de séparation, afin de poursuivre une brillante carrière dans les télécommunications en tant que neuro-informaticienne, Sonam Rai est soudainement revenue dans la vie de deux anciens amis d’adolescence, dans la paisible bourgade d’Avalon. Omer y est aujourd’hui garde-forestier et il est toujours amoureux de Maud, esthéticienne et mère d’un enfant autiste, Paul. Mais Sonam est réapparue avec un secret lourd de conséquences : la surdose de fréquences émises par le satellite Midas, que son employeur a récemment mis en orbite, est en train de créer des dommages cérébraux tragiques sur la population mondiale. Les médias commencent d’ailleurs à s’alarmer de la prolifération des cas d’Alzheimer et d’amnésie, sans avoir encore fait le lien avec Midas. Avant que le scandale ne s’ébruite, Champollion, le PDG du groupe Antécédo, propriétaire de Midas, a donc envoyé un tueur aux trousses de Sonam. Celui-ci parvient à tuer Sonam, mais elle a eu le temps de cacher, à l’intérieur d’un jouet, une clé numérique capable de contrôler le satellite. Ce jouet, c’est l’innocent petit Paul qui l’a aujourd’hui en main. Lui, sa mère, Omer et un agent spécial du FBI dépéché sur place, s’éloignent désormais d’Avalon pour se mettre au vert. Car la mort de Sonam sur le bateau d’Omer a également déclenché l’explosion de l’embarcation et la mort du journaliste local, frère du shérif. Et bien sûr, c’est Omer qui est tenu pour responsable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la suite logique du premier volet, le scénariste Serge Letendre poursuit ici un thriller contemporain à la fois intéressant et quelque peu manichéen. Intéressant dans le sens où il pose la question inquiétante de la surdose de fréquences qui transitent réellement à la surface de la planète: wi-fi, téléphones portables, ondes numériques… La problématique est aujourd’hui en suspens, sans qu’aucun pouvoir public ou scientifique n’ose proclamer sa dangerosité effective pour nos synapses. Trop d’enjeux financiers perturbent les débats… au dépend de la santé publique ? Appliqué à la présente fiction, ces concepts font peur : tandis qu’une « épidémie » d’amnésie frappe la population, un puissant groupe de télécommunication tente d’étouffer sa responsabilité dans l’œuf, au risque de déclencher la fin de l’humanité. C’est en ce sens que le récit est un poil manichéen : le tueur est ici très-très-méchant, avec le sourire et le regard sardoniques qui vont de paire. De même, le PDG est quant à lui aveugle et irresponsable : on ose croire que si pareil cas de figure se présentait, aucun dirigeant sensé ne poursuivrait l’émission d’ondes néfastes… Cela donne lieu à un thriller tout de même agréable à suivre, qui se joue des clichés et des fausses pistes. Au dessin, Laurent Gnoni confirme ses talents pour l’encrage semi-réaliste, proposant parfois des cadrages inventifs et originaux (la double page du cauchemar, les reflets dans les lunettes, les petites cuillères…). Ce second opus progresse surtout beaucoup sur la voie du dénouement, avec une fin ouverte… au point qu’on se demande s’il y aura bien un troisième tome comme prévu ?