L'histoire :
La France telle que nous la connaissons n’existe plus. Des révoltes sanglantes ont opposé un régime dictatorial à des multitudes de groupes rebelles… Bien des années plus tard, des jeunes tentent de se reconstruire dans une société post-apocalyptique, en se focalisant sur les arts martiaux. Orpheline depuis ces évènements, Elise fait partie de ceux-là. Après des années de violence et de recherche d’identité, elle a acquis une forme de sagesse qui l’autorise à être une grande sœur pour les plus jeunes. Son mentor, Maître Koleilat, lui propose d’ailleurs un premier voyage spirituel, par la méditation, car il la sent prête. Ce soir là, dans une cave apaisée, Elise se concentre et bascule rapidement dans une sorte d’inframonde où elle est physiquement différente. Elle s’y fait agresser par un être à la peau bleue et une armée de mutants décharnés. Une démone munie d’un fouet électrique débarque alors, tenant en laisse un humain qui réclame son aide. A ce moment, Elise rebascule dans la réalité et tente d’obtenir des explications de son maître. Celui-ci lui explique que c’est compliqué, qu’il faut oublier le concept d’individu et désormais raisonner en termes de conscience collective…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ah j’vous jure, y’a de ces concepts, parfois ! Cet album est l’adaptation en BD du spectacle musical d’arts martiaux modernes éponyme. Un dossier final en fin d’édition permet d’en savoir plus : ledit spectacle – qui a été créé en 2007 pour le Cirque d’hiver et tourne depuis en France et à l’étranger – est une sorte d’exhibition sportive et chorégraphique entremêlant karaté, danse et body-painting. Or, évidemment, dans un tel spectacle, il faut un « environnement », une thématique globale pour asseoir les différentes prestations, les costumes, les décors, la musique… Mais peut-on réellement parler de scénario ? Aux côtés des auteurs du spectacle (Stéphane Anière et Martin Lebreton), Eric Corbeyran s’est lancé dans le challenge d’étoffer et de structurer le décorum. Si l’effort est louable, le résultat est loin d’être convaincant. Les circonstances qui amènent les protagonistes à virevolter dans tous les sens avec les pieds en l’air, et d’y mêler la logique du body-painting, prend la forme d’un avenir post-apocalyptique où des jeunes en mal d’identité font des voyages astraux sous l’égide d’un maître en arts martiaux, au cours desquels ils rencontrent des « démons » avec lesquels ils se battent vaguement… Hum. Bien essayé, mais le seul Souffle de vent qui se dégage de ce salmigondis d’anticipation et d’ésotérisme se situe entre le soupir et le bâillement. Reste la justesse du dessin réaliste de Grun, pour mettre en scène de son mieux toutes ces chorégraphies bien pâlichonnes en 2D. Notez que le dessinateur n’emploie pas – pour la première fois – sa mystérieuse technique de couleur directe. Ici les planches sont « normalement » encrées (et fort convenablement colorisées par Elise), pour un rendu visuel très classique.