L'histoire :
Lyon, juin 1963, devant le Crédit Général… Tout le monde a levé les bras pour éviter un voyage à la morgue. Tout le monde a bien voulu faire le gentil pour que les braqueurs garnissent leurs sacs de gros billets. Sauf un… qui met son gros doigt sur le bouton rouge pour faire son héros, récolter un pruneau en plein milieu du front et rameuter la cavalerie. Du coup, nos quatre artistes s’achètent une bonne paire de jambes, affutent l’artillerie pour tenter en quelques enjambées et coups de flingues de sauver leur paletot. Mais il faut croire que nos quatre lascars n’avaient pas pris le même abonnement chez Mme la Chance : deux morts, un dans le fourgon et un qui réussit à fausser compagnie à nos cow-boys en costumes bleus. Ce veinard, c’est Pierre Dumont qui ne tarde pas à rejoindre un bar servant de maison de convalescence aux cavaleurs assoiffés. Un repos de courte durée, cependant, car les sbires d’un des gros bonnets du Milieu viennent le chercher avec insistance pour un petit entretien : le boss a moyennement apprécié l’échec du braquage et surtout que son frangin se fasse pincer. Il faut un responsable. Dumont semble être taillé pour endosser la proposition. A moins que…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Les films du dimanche soir, La dernière séquence ou encore Les Tontons, Philippe Chanoinat poursuit l’hommage aux mythiques filmographies de Georges Lautner, Henri Verneuil et consorts, en invitant quelques monstres sacrés du 7éme art à venir garnir 46 planches de BD. Pour autant, cette fois, aidé par son copain Frédéric Marniquet, il ne se contente pas de jouer uniquement les cinéphiles. Il imagine, en effet, un récit taillé dans le même rôti que ces fameux polars dans lesquels le verbe imagé, à la Audiard, et le charisme des personnages rendaient l’exercice savoureux. Voilà ici donc déroulés deux fils narratifs pour nous amuser. Primo : la cavale du fiston Dumont (Steve Mac Queen ?), qui fait suite à un hold-up foiré et pour lequel le frangin d’un gros bonnet du milieu s’est fait coincer. Secundo, « les péripéties » du père (Jean Gabin) avec échanges de bourre-pifs, enquillage de canons de rouquin avec les copains (Lino Ventura, Bernard Blier…) et prises de becs multi prétextes façon dialogues aux petits oignons. Rien de bien inventif, cependant. Seuls le retour au bercail du fils (et ses conséquences) et le potentiel laissé au récit par le passé douloureux du père (des histoires de trahison dans la Résistance) pourraient être des angles scénaristiques intéressants pour les prochains prolongements. Aussi, principalement bâti autour de ses savoureux dialogues (dans un bel hommage à Audiard), le récit pêche t-il peut-être par son manque d’épaisseur, que l’absence de personnages charismatiques ne parvient pas à combler. En effet, il ne suffit pas de mettre en mouvement une caricature pour qu’elle pèse illico du poids d’un Gabin ou d’un Ventura... En attendant, nos deux caricaturistes s’en donnent à cœur joie, au regard du casting impressionnant (Gabin, Ventura, Blier, De Funès, Bourvil, Mc Queen, Blanche, Chirac ?, Le Pen ?...). Mais le trait est sans doute trop forcé pour ce type de récit. A confier aux nostalgiques en particulier.