L'histoire :
En avril 1857, au fort de Chandrapur, en Inde (à l'époque comptoir britannique), le lieutenant Hudson demande audience auprès du général Collingwood. Il lui explique que les soldats, d'origines hindous ou cipayes, ont appris que les munitions étaient enduits de graisse de vache ou de porc, alors que ces animaux sont sacrés pour ces communautés. Les autochtones veulent savoir la vérité, sans laquelle Hudson redoute une mutinerie. Le général n'en a cure de la culture locale et offre une fin de non-recevoir à son lieutenant. Résultat : la révolte se produit, aboutissant à une guerre d'indépendance. En septembre 1915, le docteur Watson rafistole les blessés sur le front de la guerre dans le Pas-de-Calais. Il voit alors passer un cadavre qu'il connait bien : John Kipling, fils de son ami Rudyard Kipling. Watson prend alors la plume pour annoncer la terrible nouvelle à l'écrivain et il repense inévitablement aux conjonctures de leur première rencontre. Cela avait commencé en 1889, lorsque le jeune David Collingwood avait requis en urgence les services de Sherlock Holmes, pour éclaircir les circonstances de l'assassinat de son père, Général à la retraite. Celui-ci avait en effet été retrouvé étranglé dans la chambre de son manoir du Norfolk, selon un rite significatif des guerriers Thug. Un message représentant la déesse Kali – déesse de la mort – lui avait été envoyé quelques jours avant le meurtre. Puis c'est lors de l'enterrement du Général que Watson et Holmes avaient rencontré Kipling, un ami de Collingwood...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce 3ème volet des mémoires du docteur Watson, concernant des affaires résolues (mais inédites !) par son ami Sherlock Holmes, nos héros se décentralisent en Inde pour mener leur enquête autour de meurtres rituels perpétrés par une secte de Thugs, adorateurs de la déesse Kali. Ce déracinement semble avoir pour objectif principal d'amener le détective de fiction à rencontrer l'authentique grand écrivain Rudyard Kipling. Cette intention et la prise de distance avec le décorum habituel de l'Angleterre victorienne semblent être bénéfiques à la série, qui y gagne aussi bien en accroche narrative qu'en diversité des plans (un chouya). Impossible toutefois de ne pas penser à Indiana Jones et le temple maudit lorsque Holmes se retrouve l'hôte gênant d'un maharadja cruel... ou lorsqu'il affronte un tigre à l'aide d'une simple torche. Si le détective est infiniment plus connu pour son potentiel de déduction que pour ses aptitudes à l'action, reconnaissons que dans les nouvelles originales écrites par Conan Doyle, il ne rechigne jamais à un peu de sport. Les dialogues soignés – qui certes tirent parfois vers le pompeux – accompagnent une intrigue à peu près cohérente (cette fois), à la fois dans son rythme et par son explication finale. La dernière planche est tout de même bien tassée. Restent tout de même de nombreux défauts séquentiels : actions importantes hors champs, ellipses maladroites, tensions peu communicatives et toujours énormément de persos cadrés de près, avec des expressions faciales atones ou inadaptées. Toujours très figé, le dessin de Frédéric Marniquet suit néanmoins une voix de progression encourageante, notamment à travers des décors légèrement plus détaillés et variés (une caricature de David Niven en prime)...