L'histoire :
Monsieur Tourpin se réveille allongé sur le dos, en tenue de bureau, au milieu d’un immense paysage désertique et dévasté. Après quelques minutes, il comprend : la fin du monde vient d’avoir lieu et par un hasard qu’il ne s’explique pas, il est l’unique survivant. Enfin, pas tout à fait, car une fois féminine l’appelle à l’aide… Incroyable, c’est mademoiselle Billot, sa secrétaire. Ce sont les deux uniques survivants : un comble ! Mais le plus incroyable, c’est que lui se prénomme Adam et elle, Eve. Dès qu’ils s’en aperçoivent, ils se disent qu’ils sont les objets de desseins divins qui les dépassent. Or en effet, ils découvrent peu après un bel arbre touffu, portant une unique pomme. Evidemment, Eve n’a qu’une envie : croquer dedans, parce qu’il commence à faire un peu faim, tout de même. La pomme se met alors à leur causer car elle est la représentation matérielle de Dieu. Et Dieu les a effectivement choisis pour rebâtir l’humanité, mais en s’appuyant cette fois sur des idées d’amour, de paix, de respect. M’enfin, vu le caractère de ces deux-là, c’est pas gagné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces Aventures de la fin du monde ressemblent furieusement à celles du début, dans leur version allégorique judéo-chrétienne d’Adam et Eve. En effet, Vincent Caud met ici en scène le célèbre couple primal et néanmoins survivant ici à une apocalypse lambda, à travers une bonne centaine d’historiettes gaguesques. Pour la forme, il utilise des gaufriers réguliers de 6 cases (plus rarement 1 case unique pleine page), en 5 chapitres et au format paysage. Or la substantifique moelle de l’humour pratiqué et éprouvé sur le blog éponyme de l’auteur, tient dans les acquis du couple de héros : ils n’ont rien perdu du savoir de l’homme moderne et se retrouvent en proie aux doutes métaphysiques, existentiels et aux nombreux travers humains. En effet, Adam fait des vannes à deux balles, il a bien envie de se taper Eve qui, elle, n’a aucun humour. Au gré des inspirations parfois déjantées de Caud (le tapir et ses évolutions génétiques !), ils rebâtissent effectivement une humanité, mais pas forcément moins bordélique que ce qu’avait envisagé Dieu. Conclusion : pomme X, pomme V ! Le dessin est tout schématique (Adam n’a même pas d’yeux), souvent cadré de loin et c’est suffisamment efficace pour le registre.