L'histoire :
Le Foudroyant vient de quitter Brest et déjà un homme est à la mer. Le malheureux a eu mal à partir avec un albatros. L’oiseau a eu le dernier mot. De la chaloupe mise à l’eau pour le secours, un marin croit apercevoir sur la dunette les silhouettes de deux demoiselles. L’arrière est une zone interdite à l’équipage. On dit que le commandant a réquisitionné la chambre du second pour son usage personnel. En dépit du danger, Marie Hoel Tragan, breton de son état, brûle de savoir ! La nuit venue, le marin s’aventure jusqu’aux fenêtres arrières du navire et confirme ses soupçons : le Foudroyant emmène deux jeunes femmes à son bord. Mais avant d’avoir pu regagner le pont, l’impudent est pris ! Pour sa présence injustifiable en ces quartiers réservés aux officiers, Tragan risque la vie. En attendant il est mis aux fers. On vient le voir. On souhaite savoir ce qu’il a vraiment vu. C’est en fait l’une des deux jeunes femmes, habillée en homme, qui est venue le visiter. Tragan n’est pas dupe et démasque la belle inconnue – récoltant au passage une balafre au visage. Quelques heures plus tard, c’est la grande cale qui attend notre héros, un supplice terrible dont peu en réchappe. La pratique a en théorie été interdite mais, en mer, le capitaine reste seul maître. Et Benoît de Roselande n’est pas homme facile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après moult années de fidélité aux éditions Casterman, François Bourgeon change de crèmerie, après un passge éclair chez vent d'Ouest. L’intégralité de son œuvre est rééditée aux éditions 12bis. L’occasion de redécouvrir une œuvre référence du 9e art, à commencer par sa série phare, Les passagers du vent. Paru originellement en janvier 1980, le titre est depuis devenu culte. Premier de cinq – un sixième La petite fille bois-caïman est annoncé ! – La fille sur la Dunette n’a pas pris une ride. Le traditionnel habillage noir de couverture est abandonné au profit d’un bleu océan offrant une luminosité nouvelle. La réédition est sobre, sans ajout de planches ou croquis : l’album seul compte. Inutile peut-être pour les heureux déjà possesseurs de la série de renouveler l’achat (…). En revanche, pour les autres, TOUS les autres, amateurs éclairés et moins de bandes dessinées, l’acquisition est NÉCESSAIRE ! Le trait du maître est resté tel que dans les souvenirs. Fin et racé, il se reconnaît entre mille. La silhouette d’Isabeau – comme du Foudroyant – séduit toujours autant. La mise en couleur, peut-être seule, pâtit relativement des affres du temps. La chose est toute relative vraiment et affaire de goût. Côté intrigue enfin, ce huis clos marin met en scène la belle Isabeau de Marnaye alias Agnès de Roselande. La jeune femme cherche à échapper à un destin qui n’est pas le sien. Le personnage est adorable d’audace, d’impétuosité et de charme ! Une héroïne de caractère, presque visionnaire en son temps. L’héroïne campée (à l’instar de son pendant masculin en la personne du matelot Tragan), l’histoire peut dérouler. (Ré-)Embarquez pour une aventure à la saveur incomparable. On a pas fait mieux depuis. La suite dans Le ponton…