L'histoire :
Au terme des campagnes napoléoniennes, le lieutenant Malicorne retourne à la vie civile, aigri et endurci par ses rêves déçus de gloire. Il trouve sa reconversion en devenant tueur à gage au service de la royauté restaurée. En effet, assassiner ne lui a jamais posé de problème et cela rapporte de quoi passer toutes ses nuits au bordel. Et puis, un contrat de trop l’amène à devoir flinguer un père et sa fille. Il décide de raccrocher. Véritable tête brûlée, se considérant en sursis, il devient dès lors duelliste : contre de fortes rémunérations, il accepte de remplacer ses clients pour leurs combats en duels aux pistolets ! Là encore, il trompe la mort d’indécente manière. Un jour, son ancien commanditaire royaliste lui propose un contrat plus original : infiltrer les Enfants Rouges, une sulfureuse société secrète, et en supprimer le chef, Jacob. Sous l’égide de ce mentor, dandy aristocrate cynique et désabusé, les membres de cette « secte » s’amusent à frôler la mort, à se mettre en danger, juste pour pimenter leurs mornes existences. La seule contrainte, une fois entré dans ce cercle, c’est qu’il est strictement interdit de le quitter. Les rares qui s’y sont essayés ont été exécutés... par d'autres membres. Malicorne accepte cette mission parce que la seule femme qu’il ait jamais aimé, Lady Mac Guff, en fait partie et qu'il compte bien la tirer de là…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tête brûlé sous la Première Restauration, Malicorne a la trogne, le grade militaire et le tempérament endurci d’un autre héros du 9e art : le lieutenant Blueberry. Il évolue à la même époque, mais de ce côté-ci de l’Atlantique, a contrario du célèbre cow-boy, et il se montre bien moins vertueux : Malicorne est mercenaire et tueur à gage. Sa (première ?) mission l’amène à devoir infiltrer une dangereuse confrérie secrète qui se plait à jouer avec la mort. Vive et efficace, la narration ne perd pas de temps. On saisit vite la psychologie des personnages et leurs intérêts. L’accumulation des « contrats » génère logiquement une tension haletante chez le lecteur, jusqu’au petit jeu macabre de fin… de ce premier tome ! Pour connaître le dénouement, il faudra en effet patienter jusqu’au second volet du diptyque. On peut donc dire que Rémi Bezançon, dont on a apprécié le film Le premier jour du reste de ta vie (récompensé de 3 prestigieux Césars en 2009 !), réussit complètement son passage au 9ème art. Il co-scénarise cette nouvelle série à hautes tensions en compagnie de Jérôme Legris, lui aussi réalisateur de cinéma (Requiem pour une tueuse), qui mène de front l’histoire d’une autre BD, Horacio d’Alba (également chez 12bis). Enfin et surtout, Thimothée Montaigne nous ravit de nouveau de son style graphique encré digne des plus grands… proche notamment de celui l’un de ses mentors, Mathieu Lauffray. Décors et personnages sont justes, détaillés, peaufinés, sombres et la mise en scène prouve une grande science du cadrage et des mouvements. La première belle surprise de la rentrée « littéraire » 2011…