L'histoire :
Albert Einstein explique à son ami Mark son enfance et tout ce qui l’a poussé à devenir le plus brillant scientifique de son temps. À cinq ans, il se souvient encore du cadeau incroyable que lui a laissé son père : une boussole ! Il ne pouvait imaginer à quel point ce cadeau allait le poursuivre toute sa vie. Une vie passée à comprendre l'ordre du monde et la direction à prendre. Aujourd'hui, il est plus âgé et fatigué des luttes mondiales. Nous sommes en 1953 et les journalistes le harcèlent de questions sur la guerre froide et Mac Carthy. Beaucoup voudraient qu'il donne son opinion politique : on lui prête même une affection pour le communisme. Pourtant, Einstein n'a jamais aimé qu'on décide à sa place. Quand ses parents sont partis en Italie et qu'il a dû rester à Munich pour ses études, il a critiqué ouvertement la décision de son père. Quand il lisait Kant en mathématiques à l'école et qu’il a été sanctionné pour ce type de lecture, il a alors décidé de quitter l'Allemagne pour rejoindre ses parents...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adapter la vie de l’immense Albert Einstein en bande dessinée, c’est un défi presqu’aussi difficile que de résoudre une formule quantique. Voici que la collection 21 grammes, consacrée aux grands hommes qui ont marqué l’humanité, s’intéresse désormais aux scientifiques de renom. Et comment passer sous silence le célèbre physicien à la moustache fournie et à la sagesse infinie ? L’album joue sur la temporalité, comme Einstein avait réfléchi sur le temps et la relativité. On suit les derniers moments de sa vie, tout en assistant à de nombreux flashbacks. Ainsi, rien n’est passé sous silence : de ses études en Suisse jusqu’à son accession à la chaire de Berlin, de son divorce avec Mileva à son aventure avec Elsa, de ses recherches sur la physique à la confection de la bombe atomique, de son engagement contre la guerre à sa fuite aux Etats-Unis, de son prix Nobel à la solitude de la fin de sa vie… On découvre de nombreux pans méconnus de sa personnalité : derrière le scientifique de génie, se cache un homme sensible et aimant la vie. Il prône l’amitié et ses amis fidèles seront constamment des sources d’inspiration et de stimulation. Ses relations amoureuses sont aussi évoquées sans aucun jugement ni parti-pris. Marwan Kahil développe surtout les pensées du maître qui a toujours été autant un philosophe qu’un physicien. Constamment obligé de fuir la guerre, l’intolérance ou la bêtise humaine, Einstein est un exilé de l’humanité et s’évertue à parler de paix alors qu’il aura connu les deux guerres les plus terribles de notre histoire. Bien évidemment, les auteurs reviennent sur l’aspect polémique de la vie d’Albert Einstein : l’arme nucléaire qui a entraîné les catastrophes d’Hiroshima et de Nagasaki. Même si l’évocation est intelligente, cela manque de détails et on connaît mal le rôle exact qu’a joué Einstein dans ces évènements. Malgré tout, Kahil réussit le véritable tour de force de parler de sciences complexes et de traiter de physique sans trop lasser. Utilisant les dessins de Manuel Garcia Iglesias, Kahil tente d’expliquer parfois simplement les réflexions profondes et les découvertes étonnantes d’Einstein qui aura inventé la célèbre formule : E=mc2. Les dessins figuratifs et les explications vulgarisées sont accessibles et précises, même si le béotien aura tout de même du mal à tout comprendre. Le dessin est assez inégal toutefois : le parti-pris du noir et blanc est assez intéressant, mais certaines planches sont mieux réussies que d’autres. Ainsi, certains plans de villes ou de décors sont représentés avec beaucoup de finesse et d’élégance ; a contrario, certains portraits sont grossiers et mal encrés. Les auteurs proposent également des annexes riches avec un récapitulatif des évènements essentiels de la vie d’Einstein et certaines de ses grandes phrases lourdes de sens. Plus pédagogique que passionnant, l’album réussit quand même son objectif. Einstein= Manuel Garcia Iglesias+Kahil !