L'histoire :
Auteurs, rédacteurs ou huilecoudistes passés par 6 Pieds sous terre, tous racontent comment ils ont découvert ou aimé la BD, quelle était leur vision du monde au moment de leur vingt ans. Avec tendresse et sincérité, mais sans sacrifier l’esprit critique (voir le texte radical de LL de Mars), chacun parle de son addiction au 9ème art, de ses rêves de gloire, de ses fantasmes naïfs de devenir artiste ou dessinateur. Les uns et les autres évoquent, chacun avec une sensibilité propre, leur vision du médium et l'évolution de la production actuelle. Les uns aiment Clowes ou Crumb, d’autres ont aimé Dead Man ou Rolf, mais une chose est sûre, ils ont en commun l’amour du dessin et des histoires bien racontées, avec des sujets a priori relou parfois. La vingtaine d’auteurs restituent l’expérience d’une passion mais aussi d’un labeur, surtout quand on a vint ans et qu'on se cherche. M Le Moniq, critique de BD un peu obtus et nationaliste sur les bords, semble n'avoir pas compris que l'indé c'était pas intello, mais juste différent… Bref on sourit, on pleure et on recommence, car on n’aura pas tous les jours vingt ans… L’aventure continue !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant la sortie courant avril d’un volumineux ouvrage anniversaire intitulé 6 Pieds sous terre, l’animal a vingt ans, voici une mise en bouche aux doux relents de nostalgie et de passion, invitant le lecteur profane à découvrir une parcelle de l’identité de la maison d’édition à travers les regards décalés ou mélancoliques d’auteurs underground plus ou moins reconnus, eux-mêmes lecteurs un jour de la revue. C’est aussi l’occasion de saisir au vol et de l'intérieur l’état d’esprit de ses acteurs, à mi-chemin entre le recul critique et la transmission d'une émotion, liée à l’amour de la BD sous toutes ses formes. Vrai succès d’estime mais vrai fiasco économique, la revue disparait en 2003 pour renaitre de ses crayons usés en 2006. Refus des convenances, invitation à explorer d’autres champs graphiques et narratifs, volonté de renouveler les formes, créer ou inventer, c’est bien la dimension engagée et presque militante de l’éditeur ancrée dans une forte ambition formelle qui transpire dans ces pages. On y croise beaucoup d’auteurs appréciés ou reconnus du monde de l’indé : l’insoumis et radical L.L. de Mars, le rigolo et un peu paumé FabCaro, le désenchanté Boris Mirroir ou encore le pourfendeur Benoît Preteseille. Témoignage tour à tour drôle, attachant ou mélancolique, Jade constitue un petit panorama smart et fringant du monde alternatif, mais aussi une déclaration d’amour à la BD tendre et touchante. Si en plus vous dites à l’éditeur qu’il n’a rien compris à la manière de faire de la BD, vous risquez bien d’aiguiser sa fierté. Allez, à bientôt buddies…