L'histoire :
La célèbre actrice Betty Pennyway tourne une dernière scène de son prochain film – un western cul-cul la praline. Puis le réalisateur lui donne la permission de rentrer chez elle pour se reposer. C’est alors qu’elle s’est endormie, qu’une ombre approche et que le drame surgit… Le lendemain, plusieurs voitures de police sont garées devant chez elle. Un périmètre de sécurité a été défini pour contenir les médias et les badauds à l’extérieur. Les meilleurs inspecteurs ont été mobilisés pour élucider le crime abject : quelqu’un a dessiné une bite sur la joue de l’actrice. Le lieutenant Baxter est en première ligne. Il demande à la « boniche » de service à visiter préalablement la chambre de la victime. Baxter relève alors un indice intéressant : le coupable a laissé son cheval dans la chambre de la victime (au sens premier !). Puis Baxter rencontre Betty Pennyway. Effectivement, sa joue est désormais ornée d’une bite. Baxter passe à l’interrogatoire, en posant les questions d’usage. « Est-ce la première fois que vous vous retrouvez affublée d’une bite sur la joue ? » « Quelqu’un de votre entourage a-t-il des raisons particulières de vous en vouloir, à part l’URSSAF Limousin ? »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Moon river, qu’on peut traduire par « la lune sur la rivière », est une bluette glamour composée par Henri Mancini et chantée avec toute la tonalité guimauve nécessaire (mais c’est très joli) par Audrey Hepburn dans le film Diamants sur canapé. La parodie délirante est évidemment de mise chez Fabcaro. Il ne faut donc pas s’attendre ici à une bluette, mais à une parodie de bluette et d’enquête policière, qui tourne en dérision les lieux communs des polars : le flic trop sérieux, la victime affligée, les relevés d’indices clichés… Fabcaro reproduit le même schéma d’humour absurde et imprévisible que pour Zaï Zaï Zaï Zaï, à ceci près que le dessin d’une bite sur une joue remplace l’absence de carte de fidélité à la caisse du supermarché. En prime, à cette recette parfaitement fonctionnelle, l’auteur ajoute par bribes des séquences de son autre casquette d’auteur, quand il se livre à son autobiographie autodérisoire quant à son destin de (faux) looser (comme dans Steak it easy, Pause…). Ainsi, les séquences du polar empruntent-elles le parti-pris du dessin stylisé-réaliste et le monochrome bleu, tandis que les séquences autobio restent dans son style caricatural, avec un monochrome ocre. Le personnage de Fabcaro et son entourage interviennent alors régulièrement pour se moquer de l’affaire « bite sur la joue », vraiment trop conne pour faire un succès. Et pourtant… Si la divine surprise n’est plus de mise, on se marre quand même vachement beaucoup.
