L'histoire :
Tu t'ennuies, alors fabrique une cocotte en papier et invente ton propre animal de compagnie. Au réveil et après une soirée bien arrosée, un homme se rend compte qu'il flotte. Un peu bizarre, mais ça va finir par passer... sauf que ça ne passe pas. Pas grave, l'homme va tenter de dompter son nouveau super-pouvoir... mais dans la rue ou dans un bar, face à un pote ou un SDF, c'est toujours la même chose, personne ne le remarque. C'est décidé, un petit larcin et un petit suicide, plutôt en finir que de susciter l'indifférence. En plus, il vient de se faire plaquer par sa meuf. A la pension des Lilas, deux vieux devisent sur le sens du monde et la mort : Hector est décédé ce qui attriste l'un des deux gérontes ; bah oui, il avait la piaule la plus grande de la résidence et un écran plat géant... Quelle connerie la mort ! Quant à Lucie et Charles, « onze années de chômage auront eu raison de leur liaison »...Au regard de tout ce bordel, le suicide reste encore la solution à privilégier... Oui, mais avec le sourire!
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre courts récits, fausse pubs, modes d'emploi et petits jeux à faire, l'auteur James et le dessinateur Boris Mirroir s'amusent à ridiculiser leur personnages tout en leur témoignant un profond attachement, grâce à un humour noir bien sec et bienvenu. Ainsi, l'homme qui flottait navigue-t-il entre désespoir et aventures cocasses, les deux vieux, entre ennui et rigolades. Dans cette « revue-laboratoire », les deux compères se font plaisir en jouant la carte de la farce potache et désespérée, traitant de manière légère de sujets graves. Résultat : la démarche opère avec efficacité, d'autant que le dessin met en valeur la diversité narrative en variant les styles graphiques, du cartoon au trait schématique, entre représentations animalières et figures humaines. Les auteurs ont aussi pensé à faire varier les sens de lecture, à ménager des pauses par des pubs ou des jeux, et à boucler leurs running gags par de petites pirouettes humoristiques efficaces, une spécialité de James. De la maîtrise et de la cohérence dans ce petit recueil à la couverture souple. Assez poilant, absurde et parodique, parfois étrange mais drôle, laissez-vous tenter par ces historiettes un brin pathétiques et délicieusement désespérées, pas franchement révolutionnaires mais d'une lecture agréable. Un bon moment.
