L'histoire :
Nous sommes dans une réalité parallèle, en 1801, en Américanie. Par une journée ensoleillée, le président John Fitzgerald Kennedy part faire un pique-nique dans une prairie bucolique proche de la Maison Blanche, en compagnie de ses deux femmes, Norma et Anastasia (de Russie). Entre deux discutions futiles, Norma lit un article de la presse people et révèle nonchalamment qu'un écrivain nommé Dario Tiretto vit en liberté dans le royaume de Verdun... A ces mots, JFK s'indigne ! Dario Tiretto n'est autre que l'assassin d'Aldo Moro, un homme politique romain auquel le président américanien vouait une admiration sans faille... voire peut-être une forme d'amour ? Quoi qu'il en soit, JFK trouve purement scandaleux que ce meurtrier à la solde de la Squadra Rossa ait déjà été gracié par l'empereur Constantine après seulement 6 années de prison. Dès le lendemain, JFK envoie une missive aussi brève que laxiste au roi Philippe II de Verdun pour organiser une rencontre officieuse. Et quelques jours plus tard, il effectue le voyage en zeppelin jusqu'à Verdun. Durant la traversée, il avoue à ses femmes qu'Aldo était assurément son « Anam Cara » (son âme soeur, dans la culture celtique)...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vendetta Kennedy est le troisième opus des étonnants Contes de la Maison Blanche, une série on ne peut plus uchronique. Ces aventures rocambolesques du jeune JFK sont imaginées et dessinées par Diana Kennedy (homonyme, pseudonyme ou parente de la célèbre dynastie ?). Auto-éditées en fascicules souples, ce ne sont pas à proprement parlé des bandes dessinées, mais de courts romans illustrés mixtes : tantôt le dessin muet prend le relai de la narration, tantôt il l'illustre. Mais avant toute chose, il est sans doute utile de préciser la nature décalée de cette curieuse année 1801 au cours de laquelle se déroule l'intrigue du présent volume. Ici, JFK est bel et bien Président, mais d'un pays appelé « Américanie », existant en parallèle du royaume de Verdun et de l'Empire Romain (ééééh oui, c'est ainsi). Dans ce contexte où la polygamie est normalisée et où l'on rejoue pour de faux les guerres sanglantes, les responsabilités politiques se montrent particulièrement futiles, à en croire la lettre branquignolesque envoyée par JFK à son homologue de Verdun. Ce climax de désinvolture joue assurément sur un registre de second degré qui serait plutôt réjouissant, si tout le reste était traité sur le même ton. Hélas, l'auteur alterne des séquences romanesques de bas-étage, avec de nombreux passages superfétatoires et surtout aucune psychologie des personnages : leurs réactions sont aussi puériles qu'irrégulières. Passons sur les fautes d'orthographe, sur certains dialogues balancés en langage parlé... Au moins, Diana Kennedy cultive t-elle une forme d'imagination décalée... et peut-être onirique ? Au final, si le décorum regorge de surprises inhérentes au registre de l'uchronie, l'intrigue est bancale au possible, véritablement trop décalée pour emballer. Sur fond de petite vendetta personnelle d'un JFK peu crédible dans ses tourments relationnels, le récit aborde tout de même le thème intéressant et peu usité de l'« Anam Cara » dans la culture celtique, qu'on pourrait définir par « âme soeur » ou « personnalité ventouse »...