L'histoire :
Aile sud : Après avoir tué ses parents, ses frères et ses sœurs, un prisonnier écope de 500 ans de prison dans le pire pénitencier des states, une prison lugubre, bâtie sur un récif isolé en plein océan. Le directeur de l’établissement notifie d’ailleurs toujours les nouveaux arrivants que leur vie est désormais un enfer, en guise de discours de bienvenue. Il leur explique que même la mort ne les délivrera pas : les cercueils des nombreux suicidés, malades et assassinés dans l’enceinte d’Eternal Prison sont entreposés dans l’aile sud. L’aile sud, où tombe un jour la foudre, aux conséquences inattendues…
Dors, mon bébé : Brigitte Semanski, 36 ans, en parait 60 depuis qu’une tragédie a frappé sa vie. En effet, alors qu’elle était enceinte d’un mari qu’elle aimait, que la belle vie s’offrait à eux, ils ont eu un accident de voiture. Son mari est mort, son bébé a été prématurément retiré de son ventre et placé en survie précaire dans une couveuse…
Les frères MacTerman : Bill et Bob MacTerman, deux frangins bouseux, apprennent à la télé, tandis qu’ils s’empiffrent de pizzas et de bières, qu’un régime bio permet d’avoir un joli corps. Un corps comme celui de cette surfeuse méga bien roulée, qu’ils ont grave envie de se taper. Mais pour manger bio, mieux vaut aller en ville : il n'y a rien dans ce genre dans leur cambrousse. Dont acte. Ils achètent un bouquin sur le sujet et prennent le bus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur complet, mais intermittent dans le 9ème art, depuis près de 20 ans, Jean-François Caritte a scénarisé pour la revue Aaarg! plusieurs historiettes horribles pour ne pas dire Atroces. En voici 8 dans un recueil pour adultes, sauvagement découpées en tranches (les histoires, pas les adultes). Certes, il peut sembler relativement facile de faire dans l’horreur, le gore, le tragique : il suffit de placer une tronçonneuse dans les mains d’un protagoniste un peu désaxé. Cependant, Caritte ne fait pas que dans la violence gratuite. Certains récits appartiennent bien au registre de la série B d’horreur (les zombies qui attaquent la prison dans Aile sud, par Khattou), là où d’autres donnent clairement à réfléchir, sans se départir des scènes atroces inhérentes à l’intention. C’est tantôt la perte brutale d’un bébé, le principe du bio poussé à l’extrême, l’illusion du bonheur dans le sexe et l’alcool… Ou beaucoup plus actuel, le sort tragique de migrants qui meurent noyés dans la cale d’un bateau, à la solde de passeurs cupides (Les fantômes de la liberté, dessinés par Rifo). Ou encore, dans un registre philosophique, l’amitié mise à l’épreuve de l’or (La fièvre de l’or, dessinée par Jürg). Ou enfin, dans un registre historique, le génocide des cow-boys sur les peaux-rouges, anéantissant une conception ésotérique de la nature (Isnala Sungmanitou Thanka, encore dessiné par Rifo). Entre chaque histoire, une belle illustration d’horreur, pleine page, ravira les fans. Réalisée en cinémaaargscope (sic), la partition graphique collective est toujours chiadée.