L'histoire :
Jorge et Carmen, révolutionnaires socialistes dans l’armée d’Emiliano Zapata, s’aiment. Leur amour est fort, fusionnel, sans nuage. Mais ils ont un problème d’ordre sexuel. Jorge est malade à la vue du sang. A chaque attaque, il finit à quatre pattes, vomissant son quatre heures et le déj avec. Son amoureuse, elle, est prise d’une frénétique et incontrôlable envie de sexe à la vue du sang. A chaque carnage, elle se jette sur son homme comme la vérole sur le bas clergé. Drame de l’amour. Mais comme ils sont vraiment, vraiment amoureux, Carmen et Jorge vont trouver des solutions. Leurs histoires constitueront le fil rouge de cet album à historiettes décalées. Il y en aura d’autres, plus courtes, comme celles de Rosalie la blanchisseuse et Manuel le guérillero qui, pour lui plaire, porte une chemise mitée. Augusto, le guérillero fétichiste des petites barrières blanches, Ernesto le muletier, ou don Ignacio de Iturbide, le propriétaire amateur de films…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Pierre Mocky dans la guérilla Zapatiste. Les histoires sont absurdes, elles sont méchantes, piquantes. On se prend à penser quelquefois à Alphonse Allais, mais souvent les blagues mordent profondément. Cette série d’historiettes de Pierre Placé est souvent jouissive, et pas seulement parce que le fil rouge du livre est tissé par les amours iconoclastes de Jorge et Carmen. Les situations sont cocasses, les renversements sont violents et inattendus... Bref, c’est de la bonne poilade, quelquefois grassement gérée, mais toujours bien servie et d’une grande qualité. Pierre Placé prend visiblement son pied en développant son récit. Au niveau graphique, il passe du noir et blanc au bicolore, à la couleur, des petits plans rapprochés aux grandes fresques chatoyantes… Le découpage des blanches est dynamique, agréable et sert parfaitement les histoires. C’est riche, très riche et fouillé, quelquefois même à la limite du digeste, mais ça colle très bien au ton décalé. A ce titre, la farouche rencontre de la sixième partie entre zapatistes et amazones, en bicolore, tout en rondeurs, est particulièrement réjouissante. L’auto-dérision est régulièrement présente, comme dans l’épilogue très « private joke » avec un magnifique clin d’œil à Hergé… Bref, du sourire en barre.