L'histoire :
La famille de Wilfried n’a jamais voyagé. Chez ses parents, une pseudo décoration marine pourrait pourtant y faire penser. Il n’en n’est rien. Son père, ouvrier, a bien œuvré sur quelques chantiers itinérants mais rien de plus. A sa naissance, le foyer familial a définitivement pris racine. Pourtant, Wilfried et son père partagent un même rêve d’aventure : la promesse de « partir un jour, traverser le grand nord du Canada, jusqu’à Dawson dans le Yukon ». Lorsqu’il revient en famille, le sujet revient fréquemment avec son père (alors que sa mère s’inquiète de son couple, de son regard incertain quand elle lui parle d’enfant). Finalement, un jour, le billet est pris. L’attente fut longue et les attentes nombreuses. Au détour d’un dîner, une réflexion est lancée : Le Nord, c’est pas fait pour les chiens. Ainsi, Wilfried et son père se retrouvent-ils dans l’avion. La copine restée derrière, des peurs plein la tête : l’accident, le crash possible, probable ? Puis on arrive et le voyage commence. Tout droit jusqu’à Dawson, la ville mythique de la ruée vers l’or…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier titre de la collection Zik&bulles de l’Association Culturelle pour la Chanson Francophone Actuelle (accFa), Dawson, le Nord c’est pas fait pour les chiens est un album original mariant bande dessinée et musique. L’association, déjà tentée, reste cependant marginale. Cette fois, c’est Thibault Balahy – auteur remarqué au Festival d’Angoulême dans la sélection Jeune talent – qui prête son trait à un scénario signé Wilfried Hildebrandt, compositeur et interprète du groupe Coup d’Marron (dont le troisième album accompagne donc le titre). Un répertoire folk et rock, servi par de beaux textes, à l’instar d’un phrasé narratif soigné. L’histoire raconte l’expérience d’un voyage dans le grand nord canadien de l’auteur et son père. L’accomplissement d’une promesse et l’occasion d’une réflexion sur la vie, la paternité, les peurs inhérentes à chacun, etc. Un propos d’une sensibilité certaine, jouant sur l’alternance entre récit « off » et dialogues directs, mêlant les tâtonnements d’un cheminement personnel avec la découverte d’un ailleurs exotique. Dawson, c’est la mythique cité de la ruée vers l’or. La destination idéale d’une quête imagée. En rapport, le trait est fragile comme délicat. La mise en couleur, surtout, présente des tons passés et une parcimonie appréciable. L’impression finale est celle d’un touchant carnet de voyage. Une comparaison peut être évoquée avec les accents humains du Combat ordinaire (Larcenet). A découvrir à son rythme, tout en musique.
