L'histoire :
La belle Polly et le charpentier de marine : Dans les bois, un homme creuse une tombe. Sur un bateau, des marins disparaissent un à un, engloutis par la mer agitée. Le capitaine voit là une sombre malédiction…
Le grand voile noir : Un homme s’apprête à être pendu. Alors qu’il est sur l’échafaud, une femme le regarde. Il se souvient des moments où ils faisaient l’amour…
Taneytown : Au bord de la rivière, un homme s’amuse à faire des ricochets quand, sur le pont, il aperçoit un pendu qui l’interpelle.
Caleb Meyer : Nellie Kane est poursuivie dans les bois. Elle court et tombe dans un étang. Elle se retourne et voit un loup qui prononce son nom. Elle se réveille dans son lit, son mari à ses côtés…
Là où poussent les roses sauvages : Poursuivis par la police qui les traquent, deux évadés courent dans la forêt. Il s’arrête pour se débarrasser de leurs chaînes qui les relient. Pendant ce temps-là, Élisa Mc Day étend son linge en chantant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les ballades meurtrières sont ancrées dans l’ADN américain. Elles constituent une partie du répertoire de la chanson US. Mick Jagger, Bob Dylan, The Grateful Dead, Johnny Cash les ont reprises. Nick Cave & the Bad seeds en ont fait un excellent album, Murder Ballad, dont deux chansons restent encore à l’esprit : Where the wild roses grow avec Kylie Minogue et Henry Lee avec PJ Harvey. Erik Kriek, dessinateur émérite néerlandais et créateur de deux personnages connus aux Pays-Bas (Gutsman et Tigra), s’attaque ici à un monument de la culture outre-atlantique. Le résultat mérite le respect, tant narrativement que graphiquement, il fait plus que le job. Il sublime chaque histoire et nous emmène en ballade : il nous transporte littéralement dans cet univers aux allures lovecraftienne. L’intérieur de l’album est à l’image de la couverture mettant en scène un corbeau, étrange et réussie… L’atmosphère est pesante et immersive. Les mots claquent comme un coup de fouet (bravo à la traduction pertinente de Johanna Schipper). Le trait est un hommage appuyé au dessin de Jack Davis, l’auteur de Tales from de Crypt, avec un côté plus graphique et moins caricatural. L’encrage est très prononcé avec des ombres omniprésentes. Chaque récit possède une bichromie qui accentue le mystère et se distingue l’un de l’autre avec une seule couleur utilisée en plus du noir, digne d’un pantonier Farrow & Ball : vert olive, taupe, bleu pastel, rose poudré, ocre clair. Un bon conseil, lisez-le avec en fond sonore l’album de Nick Cave, Murder Ballad, pour vous mettre encore plus dans l’ambiance…
