L'histoire :
Les dieux et déesses grecs font une grosse teuf dans leur univers éthéré. Ils ont même invité des dieux concurrents, dont l’archange Gabriel. Ce dernier est sur le point d’emballer une divinité grecque, lorsque son smartphone se met à sonner. Il doit écourter cet agréable moment car c’est le boss, Dieu en personne, qui le convoque. Gabriel prend son envol et rejoint en un battement d’aile la planète Paradis. Là, au sein du laboratoire où l’on invente le passé, Dieu lui explique son problème : après avoir inventé la Terre et tout ce qui va avec, il a un peu délaissé le développement de l’humanité. Résultat, c’est un beau bordel de sauvagerie, barbarie, distractions vulgaires et brutales… et il n’a pas trop le temps de se remettre sur ce dossier. Il demande donc à Gabriel de gérer une bonne idée qui lui a été soufflée par Luc : lui créer une descendance. En somme, Dieu veut un fils avec une humaine, qui se prénommerait Marie. Le plan est culotté, car il s’agit de faire un enfant sans avoir de relation sexuelle avec ladite femme. Mais avec les humains, plus c’est gros et mieux ça passe. Et puis ce sera l’occasion d’écrire un nouveau testament avec des préceptes qui mettront un peu d’ordre. Pour éviter de tomber sur une meuf de footballeur, Dieu précise que la Marie en question devra être douce et subtile, une femme qui lit, par exemple. Luc file à Gabriel un smartphone avec l’appli idoine, ainsi qu’une fleur de lys (il faut toujours offrir des fleurs aux femmes) et une colombe blanche qui servira de Saint Esprit, et qu’on peut facilement piloter avec l’écran tactile. Et basta, pour les détails, Gabriel a carte blanche. L’archange prend ainsi son envol en direction de la Terre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’annonciation faite à Marie de sa maternité divine, par l’archange Gabriel, inspira jadis de nombreux artistes. Et ça n’est pas fini, à en croire cet épais Divin scénario qui revisite une nouvelle fois ce sujet, avec force parodies, circonvolutions foutraques et références culturelles. Ici, le scénariste Jacky Beneteaud envoie l’ingénu archange Gabriel trouver LA meuf que Dieu l’a vaguement missionné à rechercher sur Terre pour lui créer une descendance. Indice : c’est une femme qui lit et elle s’appelle Marie. Pour l’aider, Gabriel a un smartphone avec une appli façon Tinder® qui ne cesse de l’envoyer sur de mauvaises pistes, à travers l’Histoire, jusqu’à nos jours, dans un désordre temporel truffé d’anachronismes et de clins d’yeux. Notre bon Gabriel se retrouve ainsi à essayer de draguer aussi bien une sirène de l’Odyssée d’Homère, que la Shéhérazade des Mille et une nuits, la Liseuse de Fragonard, Madame Bovary ou Marilyne Monroe. Si la Divine Comédie de Dante Alighieri (également acteur du récit) sert de référence au titre, Beneteaud ne se prive pas de piocher au sein de la pop culture, avec des paroles de chansons (Gainsbourg, les Rita Mitsouko, Souchon, Philippe Katerine…), des références cinématographiques (Hollywood des années 50), littéraires (Baudelaire, Rousseau), picturales (Chagall, Fragonard) et on croise même Batman ! L’ensemble est admirablement écrit et dialogué, mais on peut reprocher à cet exercice son aspect d’empilement en un sacré foutoir (ou foutoir sacré). Le dessinateur italien Fabrizio Dori poursuit quant à lui en quelques sortes son travail sur les divinités (après le Dieu Vagabond). Son trait fin et ses personnages expressifs s’accompagnent souvent d’enluminures dans le style de l’époque visitée, et d’une colorisation pêchu. L’exercice pourra paraître certes un peu longuet (176 pages), mais jamais pédant : il est surtout savoureux et fun.
