L'histoire :
Sud de la France. Dimanche, jour de rugby, jour immobile, saison immuable. Le silence règne jusqu'à 14 heures... Début du match, fracas des tribunes. Tous les villageois, hommes, femmes et enfants, sont rassemblés dans les gradins. Puis l'arbitre prend une décision litigieuse : on entend au loin des cris, « l'arbitre dans l'Adour, l'arbitre dans l'Adour »... En 2001, Jean débarque à Buenos Aires pour y jouer près du Rio de la Plata, en compagnie de joueurs argentins très rudes. 1997, Daniel Herrero, alors entraîneur du Paris Université Club, exhorte ses ouailles au combat : le rugby, c'est pour rendre les hommes meilleurs. On y apprend le courage, la solidarité, l'esprit de corps, c'est aussi une affaire d'éducation... Leçon apprise, Jean affronta les joueurs de Cambridge en position d'ailier, son entraîneur voulant lui éviter d'affronter les buffles du centre. Après deux en-avants dus à ses « mains de beurre », il est mis sur le banc. Il compte alors les points qui s'égrainent... Entre la vitalité brute du plaquage et la finesse du cadrage-débordement, le jeune Jean va apprendre les accolades bienveillantes, les tapes dans le dos, mais aussi l'affrontement, les effluves de sueur et la fumée des respirations. De Mont-de-Marsan à Joinville, de Paris à Barcelone, en passant par Lobatse et Galway, voici le destin d'un basketteur devenu rugbyman, amoureux du ballon ovale et de son esprit. Au programme : rencontres riches, instants de bonheur rares, amitiés et remises en question, sans oublier la 3ème mi-temps. Comme le disait Lucien Mias, « le rugby est un sport où l'on se rencontre plus qu'on ne se croise »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce roman graphique dédié au rugby, à ses valeurs, mais aussi à la rencontre humaine, Jean Harambat nous fait voyager au pays des hommes solidaires, rudes ou agiles, gros ou maigres, petits ou grands. Car le rugby est bien une histoire de complémentarité et de concurrence, de combat et de stratégie. Mettre son individualité au service d'un projet collectif qui transcende les particularismes, et avancer vers un but commun, tel est le credo de ce sport fédérateur. Plus qu'au sport en lui-même d'ailleurs, l'auteur s'intéresse au destin des hommes, aux lieux, aux souvenirs et aux rencontres du quotidien, entre petites peines et grandes joies, avec comme centre de gravité le rugby. Loin du star-system, c'est le rugby des villages et des terroirs qui est mis en avant, du sud de la France à Tucuman en Argentine, en passant par l'Australie. Sans oublier la galerie de personnages haute en couleurs : l'inévitable Daniel Herrero avec son bandana rouge et sa faconde inimitable, ou le célèbre écrivain argentin Borgès, puis les joueurs du dimanche... Récit sur le temps, la mémoire et ce qu'elle occulte ou non, mais aussi carnet de voyage dont il affleure cultures, traditions et passion, cette BD témoigne de la complexité et de l'ambiguïté de ce jeu, toujours porté par une dialectique de l'affrontement et de l'évitement, du combat et de la stratégie. Empreint d'humanité ou teinté de nostalgie, jamais avare en conseils technico-tactiques, la BD donne à voir des planches contemplatives ou réalistes, saisissant avec justesse l'essence de ce sport et de ceux qui lui donnent vie, sans angélisme ou idéalisation excessive : le rugby est une lutte permanente en forme de leçon de vie, jouée par des gentlemen certes costauds, mais toujours affables, humains et humbles. Visuellement, ce que le dessin perd en précision ou en détail, tant le trait paraît spontané, il le gagne en vitalité, en énergie et même en poésie. Au final, une jolie mise en bouche avant le début de la coupe du monde de rugby...
