L'histoire :
Depuis son domicile d’aujourd’hui à Berlin, le libanais Mazen Kerbaj est horrifié et scandalisé par le massacre perpétré par l’armée israélienne sur la bande de Gaza, en représailles des attaques commises par le Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël. En réaction aux informations qu’il glane sur les chaines et sites d’infos spécialisés, il dessine et multiplie les messages chocs, afin de pousser les lecteurs à se mobiliser. Par exemple, le 17 octobre 2023, Mazen Kerbaj voit un habitant de gaza, un père de famille, transporter les restes de son fils déchiqueté dans un sac poubelle. Jamais il n’aurait cru pouvoir assister à une telle horreur. Le mode d’emploi de Tsahal pour massacrer la bande de Gaza est sommaire : 1. L’armée israélienne coupe tous les accès (routes, chemins, voies maritimes…). 2. Elle coupe tous les réseaux (téléphone, eau, électricité…). 3. Elle bombarde tout, y compris les hôpitaux et les écoles. 4. Elle va sur le terrain et « nettoie » tout… Le silence de certains de ses proches sur cette situation l’indigne au plus haut point.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit bouquin réalisé par le libanais Mazen Kerbaj n’est pas une bande dessinée, mais un recueil de dessins et de messages, comme on en trouve sur les pancartes de manifestants pour la paix à Gaza. Souvent schématiques et charbonneux, les dessins sont très sommaires et tracés aux feutres gras. Les messages cherchent quant à eux avant tout la punchline qui secouera l’opinion. Quitte à oser des jeux de mots plus que douteux (« Chambre à Gaza »). Quitte à essayer de culpabiliser le lecteur spectateur, en raison de sa passivité. Quitte à être d’une mauvaise foi simpliste (« Pour se mettre toujours du bon côté de l’Histoire, regardez de quel côté se place l’Allemagne et placez-vous de l’autre côté »). Quitte à être moralisateur à l’excès. S’il relève évidemment d’un exutoire nécessaire, d’un besoin d’agir en lien avec ses convictions et son savoir-faire, ce procédé n’est pas forcément très habile si l’auteur cherche à rallier un public à son opinion. Une opinion qui enfonce elle-même des portes ouvertes : car il est bien évident que le massacre aveugle d’une population civile innocente est une horreur abjecte et que toute solution menant à une cessation de cette barbarie est bonne à prendre. Or les pro-palestiniens n’ont pas besoin de ce bouquin pour être convaincus par l’urgence d’arrêter cette guerre. Les pro-israéliens trouveront quant à eux choquant le sens unique du propos, c’est-à-dire que l’auteur ne s’indigne pas préalablement des attaques du 7 octobre, du marchandage et de la mise en scène des otages, casus belli de la situation. Par son extrémisme miroir, il est à craindre que ce bouquin ait l’effet inverse de la mobilisation recherchée.