L'histoire :
Waldo, Linda, Isis, Erik, Deborah, Christel et bien d’autres se retrouvent dans une fête organisée au domicile de Gert. Autrefois amis en maternelle, au collège ou au lycée, copains de copains, petites amies de potes, les invités échangent leurs souvenirs, leurs regrets, ou font simplement connaissance, dans une ambiance terne et pesante, malgré les verres de vodka glacée. C’est le genre de soirées où il faut sociabiliser, plus par obligation que par réelle envie. Les invités obéissent aux stéréotypes les plus connus : on retrouve le coincé, le timide, le relou, le blasé ou encore trois jeunes filles coquines, esseulées et pressées de voir le fameux Robbie. Entre futilités, reproches et désirs éveillés, la soirée se poursuit tranquillement. Placée sous le signe de l’ivresse, la fête ne tient pourtant pas ses promesses. La faute à l’absence de Robbie, la star que tout le monde attend et décrit par les convives comme un Dom Juan à qui rien ne résiste. Apprenant qu’il ne peut pas venir, les invités décident de quitter la soirée. Certains d’entre eux vont partir retrouver Robbie dans sa boîte de nuit, le Disco Harem…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un talentueux auteur néerlandais, dont on entendra sûrement encore parler. Retenez bien ce nom : Brecht Evens. Plongé dans l’univers de la fête, l’auteur nous offre une profusion de couleurs pour un cocktail détonnant de légèreté. Il nous peint en effet une galerie de portraits attachants dans un univers cristallin et séraphique. L’utilisation subtile de l’aquarelle permet de faire passer la lumière à travers les couches de lavis et de souligner ainsi la force du propos. Le rendu est léger, transparent, raffiné. Les personnages sont des images qui se parlent et des illusions qui s’entretiennent. L’auteur s’affranchit des contraintes inhérentes à la case, pour mieux laisser s’épanouir les teintes éthérées et la nostalgie permises par l’aquarelle. L’imaginaire de Brecht se révèle enivrant et emmène le lecteur dans un flot de lumières, parfois tamisées. Ornée de mélancolie, la narration nous offre des instants savoureux grâce à des personnages hauts en couleurs (Robbie et Gert) dont les personnalités se révèlent moins superficielles que prévu. Symbole du serial-noceur, admiré de tous, Robbie incarne tours les désirs et toutes les envies. En cultivant l’art de la suggestion (façon Bastien Vivès, en plus profond), Brecht Evens installe une ambiance onirique et fabuleuse, à la fois réelle et imaginée, exprimant tour à tour la joie et le désenchantement, la gaieté et la tristesse. Le volume cherche à répondre simplement à des questions profondes : comment faire pour exister? L’alcool apparaît alors comme le moyen de pimenter un réel vide, décevant et insipide. La fête, elle, permet de retrouver l’innocence et l’insouciance perdues. Car entrer dans l’âge adulte, nous dit l’auteur, c’est accéder à de nouvelles responsabilités et peut-être se rendre étranger à la liberté. Bref, c’est beau, classe et élégant. A lire absolument, c’est de l’art !