L'histoire :
Un fils, Gilles, et sa mère, Marilou, mènent une vie banale dans le nord (ou peut-être nord-est) de la France. Entre courses habituelles chez Auclerc ou Lechan, lecture du journal au petit déjeuner et verres au bar du village, les deux personnages vaquent à leurs occupations quotidiennes. A la brocante, Gilles rencontre Alice, son ancienne petite amie. Il lui propose de venir dîner à la maison en compagnie de sa mère. Avant de passer à table, Alice et la mère refont la géographie du monde devant l’émission Questions pour un champion. La soirée suit son cours. A la fin, Alice suggère à Gilles d’emmener Marilou faire une virée à Paris, soupçonnant son ennui dans ce village rural. Pour Gilles, la télé et les sudokus semblent suffisants pour s’occuper. Mais il propose finalement à Marilou cette journée parisienne, et celle-ci accepte bien volontiers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs ont voulu, à la base, écrire une sorte de manifeste sur la réalité afin d’en saisir les subtilités, par le biais de l’observation et de l’écoute des personnages. L’objectif : se confronter au réel et l’analyser pour le traduire en histoire. Thomas Gabison et Gilles Tévessin s’attardent donc sur les gestes, les objets et les dialogues, dans le but de saisir la richesse et la variété de l’imaginaire que propose le réel. Le traitement photographique de la narration, conjugué à une utilisation mesurée de la parole, atteint partiellement son objectif (surtout dans les scènes de nuit parisiennes ou lors du voyage en train), à savoir faire surgir du quotidien une poésie du réel. Néanmoins, l’image et le texte collent de trop près la réalité pour arriver à en fournir une analyse convaincante. La narration se noie dans la réalité. Pour le reste, c’est assez pauvre. L’intention langagière est trop évidente et la volonté de faire effet aussi. Si le langage graphique voulait traduire le réel, c’est fait, mais sur un mode creux et dans ce qu’il a de plus ennuyeux. A l’issue de la lecture, il en reste une BD ordinaire, reproduisant un quotidien banal (au-delà de l’incohérence de la scène du bar et de la journée parisienne) et sans véritable souffle. Dans le même registre, Etienne Davodeau parvient à retranscrire plus subtilement la poésie du quotidien. En définitive, au lieu de « comprendre et de retrouver la particularité du réel », les auteurs ne font que le reproduire dans ce qu’il a de plus commun, sans réellement dépasser cet horizon. Dommage.