L'histoire :
Vingt ans après avoir quitté les siens pour se battre contre les habitants de Troie et avoir connu de nombreuses épreuves, Ulysse, roi grec d’Ithaque, revient sur ses terres. Quand il débarque secrètement sur son île, elle est plongée dans la brume : Ulysse ne reconnaît plus rien. Il interpelle un jeune berger qui surveille son troupeau de chèvres et lui demande où il se trouve. Le chevrier lui vante les qualités d’Ithaque et pose quelques questions au naufragé. Ulysse tente de ruser sur son identité, mais le jeune homme n’est autre que l’incarnation de la déesse de Pallas-Athéna. La déesse avertit Ulysse sur les soucis que son destin lui réserve, les maux qu’il va devoir affronter jusque dans sa maison. Il lui faudra tout subir sans jamais confier à quiconque son identité. Après avoir déposé ses richesses au fond de la grotte sacrée des naïades, Ulysse devra retrouver Eumée, le chef de ses porchers, pour espérer se rapprocher de sa femme Pénélope et de son fils Télémaque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adapter en BD un classique de la littérature comme l’Odyssée d’Homère relève du défi. Jean Harambat (Herminston, le juge pendeur, En même temps que la jeunesse) livre néanmoins un album assez fidèle au poème original, tout en conservant la dimension mythique de cette aventure humaine et sans dénaturer son caractère philosophique. Après 20 ans d’absence, Ulysse souhaite retrouver sa terre, sa femme et son fils. Il est également déterminé à retrouver la place qu’il occupait dans la société : c’est avant tout un « homme à la reconquête de soi ». Pour éclairer le lecteur sur un ouvrage à priori difficilement accessible pour tous, l’auteur (scénariste et dessinateur) jalonne l’histoire d’Ulysse par des interventions d’hellénistes renommés, de personnalités publiques d’horizons divers ou d’inconnus. Etayé par des recherches bibliographiques, l’auteur fait quasiment de cette BD un travail universitaire, didactique qui s’avère riche et plutôt fascinant. Pour rester le plus fidèle possible à l’ambiance de ce poème, au-delà du style littéraire et du vocabulaire employé, Harambat emprunte même le graphisme des figures noires et leurs silhouettes anguleuses qui ornent les céramiques de la Grèce antique. Le trait est stylisé, vif, spontané, minimaliste parfois imprécis, mis en valeur par du lavis coloré. Ce livre poétique, psychologique, philosophique de 226 planches, est plutôt destiné à un public érudit qui sera heureux de faire un beau voyage !