L'histoire :
Mais où est donc Linus ? Voici deux ans que Billy connaît son « ami ». Il lui est déjà arrivé de le chercher mais alors il le trouvait rapidement. Cette fois, obligé de faire le tour des trous perdus, le gamin ne parvient pas à mettre la main dessus ! En revanche, les cloportes qui veulent sa mort sont eux légion. Encore trois aujourd’hui venus défier en duel le grand Billy Wild. Une gorgée d’élixir et quelques détonations après, c’est trois unités à ajouter au compteur du plus terrible tueur que l’Ouest ait recensé. 237 et trois : 240 âmes au passif (ou à l’actif ?) de cette légende vivante, qui ne leur a laissé aucune chance. Pourtant, Billy sort rarement indemne de ces joutes armées. Cette fois c’est au torse qu’il a été touché. Le gérant du saloon du coin vient s’enquérir de son état et éventuellement appeler un médecin. La fine gâchette décline l’offre ; pour si peu, nul besoin d’aide. Remonté dans sa chambre, Billy absorbe à nouveau une gorgée d’élixir contenu par une petite gourde bientôt vide. ...Et la balle, comme par magie, quitte ses chairs qui se referment d’elles-mêmes ! Un miracle qu’il doit à son « ami » Linus, croisé il y a deux étés, après une volée reçue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Billy Wild est un western crépusculaire, ciselé au plus près du mythe du tueur enfant. C’est « un voyage au bout de la nuit », tout autre que celui décrit par Céline, mais une descente en enfer en vaut bien une autre… A partir du cadre connu des plaines et canyons de l’Ouest, Ceka et Griffon parviennent à installer une ambiance distordue et noire, à nulle autre pareille. Le fantastique est à la mode dans le genre (cf. l’excellent Lune d’argent sur Providence), point toujours à bon escient, mais ici les petites touches révélées habillement au cours de la narration ajoutent ce grain de sel qui fait d’une intrigue plaisante un récit passionnant. Néanmoins, pour les curieux qui se seraient rencardés sur le site de l’éditeur, le choc a d’abord dû être graphique ; l’album en mains, les planches promises par un bref aperçu ne déçoivent pas. Pour sa première fois, Griffon livre un travail d’une personnalité remarquable… et troublante. Des cadrages soignés, un découpage intelligent, un trait allongé et tranchant : sans abuser, il y a du Chabouté chez ce garçon ! L’analogie peut sembler déplacée et pourtant, un ensemble N/B, aux encrages choisis et au visuel si puissant, cela impressionne ! Certes, tout n’est pas encore parfait et certaines cases souffrent d’une lecture malaisée (les contours « doublés » des personnages troublant parfois l’oeil). Reste que Mais où est donc Linus ? figure d’emblée parmi les bonnes surprises de ce début d’année. Suite et fin de ce diptyque pénétrant au prochain épisode…