L'histoire :
L’assassinat, le 22 mars 1941 à Munich, du Führer Adolf Hitler changea radicalement le cours de la guerre. Son meurtrier – tatoué du nombre 109 à son poignet droit – ne fut jamais pris. Les années qui suivirent, virent l’arrivée d’Himmler au pouvoir (après avoir liquidé ses potentiels rivaux) et la nomination inattendue d’un jeune et ambitieux ex-officier SS à la tête du Nouvel Ordre Teutonique, un certain Zytek. L’ascension au pouvoir de ce dernier se révéla irrésistible. Le 5 juin 1943, lors de l’opération « Nuit noire », l’Occident fut rayé de la carte géopolitique à la suite de l’orage nucléaire qui s’abattit sur les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Désormais, la victoire finale se jouerait entre l’aigle nazi et l’ours soviétique. Mais la guerre durait. Et, peu à peu, l’armée russe prit l’avantage. En 1953, à Marienburg, siège de la Grande Commanderie du Nouvel Ordre Teutonique et dernier bastion allemand avant Berlin, une offensive « rouge » manqua de l’emporter. Leurs forces furent massacrées par d’autres à l’apparence démoniaque. Un nouveau tournant dans le second conflit mondial semblait se profiler… Non loin de là, l’Hochmeister – commandant suprême du Nouvel Ordre Teutonique – Zytek se présenta devant le haut conseil du Reich. Face au scepticisme du Reichfürher Heydrich, qui succéda à Himmler, décédé des suites d’un « accident », l’ancien SS imposa son plan. La victoire pouvait encore être acquise en moins de six mois, au moyen d’un virus développé par les meilleurs biochimistes européens. Le poison surnommé « le sang des dieux » confèrait à son hôte une force surhumaine, le transformant en super soldat. Mais un effet secondaire entraînait ensuite la mort de l’hôte. Si les V2 arrosaient leurs ennemis de ce poison, alors la race slave serait anéantie, annihilée ! Un nouveau monde verrait le jour, où triompherait la supériorité nazie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le IIIe Reich avait déjà pris cher en 2009, sur les écrans, avec le jouissif Inglorious Bastards de Quentin Tarantino. En ce début 2010, c’était en bande dessinée que Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat remettaient le couvert, pour un récit de genre, empruntant à l’horreur, au fantastique, à l’Histoire et à la Bible en prime ! Un cocktail détonnant au final, car orchestré de mains de maîtres, aujourd'hui réédité par leur éditeur Akiléos. L’idée originelle est pourtant (un fantasme) assez convenue : l’assassinat d’Hitler, modifiant naturellement le cours de la guerre. Mais là où nos auteurs innovent, c’est sur les conséquences diverses et interconnectées : les querelles intestines de pouvoir au sein du Reich, après la mort du chef, l’orage nucléaire qui balaie l’Occident, la mise au point d’un virus qui transforme un soldat en guerrier sanguinaire, jusqu’à sa mort inéluctable, etc. L’histoire, d’abord complexe, se met rapidement en place et captive sans peine son lecteur. Au fur et à mesure que les choses s’éclaircissent, l’action prend le pas sur la trame et nous maintient en haleine jusqu’à l’ultime page : un voile noir qui vient offrir au héros – le controversé Hochmeister Zytek, nazi malgré lui – un repos bien mérité, après des années de duplicité et 7 jours d’une apocalypse avant déluge. 7 jours d’un compte à rebours scénaristique très efficace et sans raté de mise en scène. A l’instar d’une intrigue irréprochable, le dessin signé Toulhoat fait assaut de tout bois ! Crayonné poussé et trait nerveux restituent parfaitement mouvement des personnages et puissance de l’image. La mise en couleur grisée, baignée de lumière, installe une ambiance crépusculaire. Le titre de l’album se comprend à la dernière image, comme un clin d’œil à Noé. Finement joué, Messieurs, sur le fond et sur la forme, et merci. Voilà qui commence joliment l’année !