L'histoire :
Le soir du 15 décembre 1881, Emily est bordée dans son lit par sa maman, qui lui dit qu’elle a encore un peu de travail avant d’aller elle-même se coucher. Mais par la fenêtre, Emily la voit partir dans la neige… et elle la suit. Elle arrive jusqu’à un entrepôt où elle espionne un triste spectacle : sa mère appartient visiblement à une bande de malfrats qui torturent à mort un type ligoté et ensanglanté, à l’aide d’un poison virulent. La fillette est surprise par un sbire, un horrible borgne. La mère intervient et fait croire qu’elle va s’occuper de cette petite fouineuse. Mais une fois dehors, elle la conjure de prendre le premier bateau en partance pour l’Amérique. Ce sera la dernière fois qu’Emily verra sa mère. Après avoir été élevée par la famille Arderen, Emily revient à Londres bien des années après, avec la ferme intention d’élucider le meurtre de sa mère. Pour se faire, elle postule pour entrer à Scotland Yard et contre toute attente, elle obtient une place d’assistant aux côtés du réputé inspecteur Hawkins, misogyne mais efficace. Durant quelques semaines, elle devient sa boniche à tout faire : le ménage, le café, le tri dans les archives… Elle doit supporter ses sarcasmes, mais cela lui permet aussi de fouiller dans des papiers et de mener sa petite enquête. Puis un jour, elle parvient à lancer Hawkins sur une bonne piste et gagne quelque respectabilité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clues se présente comme un polar à l’ambiance typiquement victorienne : le Londres brumeux pour décor et un inspecteur digne de Sherlock Holmes comme personnage secondaire. Cependant, c’est bien une jeune femme qui mènera les débats, empruntant une démarche dans l’air du temps : le contexte approche de l’époque des suffragettes (le combat de féministes pour conquérir le droit de vote au Royaume uni… qu’elles obtiendront en 1918). Cette héroïne, Emily, mène une enquête personnelle pour comprendre les raisons de la mort de sa mère, visiblement liée avec la pègre. Globalement, ce premier opus lui permet d’avancer des pistes sérieuses et de gagner ses galons au sein de Scotland Yard. Malgré quelques facilités narratives et des personnages légèrement caricaturaux (le ton de cette BD la destine plutôt à des enfants à partir de 9 ans), l’intrigue est plutôt bien rythmée, riche en évènements et le fond de l’histoire demeure très agréable à suivre. Mara fait donc ici d’excellents premiers pas dans le 9ème art, montrant aussi une ligne graphique semi-réaliste aboutie et travaillée, un jeu de couleurs glauques et ternes savamment arrangées pour une remarquable gestion des ambiances. On peut toutefois encore lui reprocher quelques petites irrégularités (des « focales » incohérentes, des sautes de style…), des erreurs de jeunesse qui seront certainement gommées au fil des épisodes suivants.