L'histoire :
Eté 1886. Jean-Roch Folelli débarque dans le port de Tadjourah, sur la côte somalienne. Il y est accueilli par un négociant en café nostalgique de sa Belgique natale, « suffisant comme un coq et buté comme un âne », dénommé Léonce Vandermouck. Au milieu de ce tissu indigène noir et arabe, Folelli trouve aussi un poète reconverti en caravanier, Arthur Rimbaud, qui tue le temps en fantaisies diverses. Comme lui, l’homme porte la trentaine sur son visage. Et voilà belle lurette qu’il attend le feu vert des autorités pour conduire une caravane chargée d’armes (des fusils) au roi Ménélik du Choa dans sa guerre contre le mahométan (…). Fouinant à l’envie, un autre européen balade son faciès pâle au gré du paysage : le soupçonneux Quartier-Maître, Le Dantec. Folelli n’est pas à proprement parler l’ami des autorités françaises. Meurtrier du curé de son village à l’âge de 10 ans, ex-communard condamné, puis évadé du bagne, le Corse voyage depuis lors de pays en pays, évitant sciemment la cocarde tricolore. Le Dantec se montrant de plus en plus curieux – et pressant – Folelli obtient de Rimbaud de l’accompagner dans son périple caravanier au cœur de l’Afrique noire. La veille du départ, Folelli est justement démasqué, Le Dantec enterré et la caravane s’ébranle enfin péniblement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurence Maurel et Christian Straboni n’en sont pas à leur coup d’essai. Jour après jour, leur premier album chez le même éditeur, ne m’est malheureusement pas connu. A regret ! A en juger par la qualité littéraire comme graphique de leur second bébé, difficile de croire que le précédent puisse être raté (…). Le présent album, joliment titré Le chapeau de Rimbaud, mélange fiction et documentation autour du personnage du défunt poète et de son aventure en Afrique noire. Une aventure romancée, agrémentée du personnage rebelle (ancien communard) de Folelli, Corse en cavale, et d’une belle d’ébène prénommée Makéda. Folelli et Makéda, résurrection du couple légendaire formé du roi d’Israël Salomon et de la reine de Saba ? Mythes et légendes africaines s’en mêlent et agrémentent ce récit au cadre colonial, du grain de fantaisie – de folie ! – qu’il fallait. Bavard, le crayonné encré N/B de Christian Straboni installe une ambiance épique, curieuse et voyageuse, se mariant à merveille à la lettre écrite. Progressivement, le lecteur s’abandonne avec bonheur au rythme généreux de cette caravane au doux parfum d’exotisme. De l’histoire, de l’esprit, de la poésie et du mystère, illustrés d’un sacré coup de crayon. Une heureuse surprise. Une évidence au final. Un vrai cri du cœur !